Élene Cliche

Parution : Orwell a-t-il vu juste ?, Sillery, Presses de l'Université du Québec, 1986, p. 15-34.

Élene Cliche considère que chez George Orwell, l’œuvre renvoie à l’auteur et vice versa tant la concordance entre l’une et l’autre est exceptionnelle. Aussi aborde-t-elle 1984 en analysant la personnalité de l’auteur, sa conception de l’art, sa préoccupation pour le langage, ses influences littéraires et ses autres écrits. Tout débute chez Winston Smith par l’acte décisif d’entreprendre la rédaction de son journal, acte d’hérésie, de transgression, qui a aussi valeur thérapeutique. L’essayiste relie cet acte de liberté à la personnalité d’Orwell, un excentrique rebelle, un solitaire, un franc-tireur. Elle montre aussi que son expérience de la souffrance et de la misère va influencer sa conception de l’art. Il va élaborer une éthique de la vérité subjective en élevant l’écrit politique au niveau de l’art.

L’essayiste souligne comment l’auteur tend vers la clarté et la simplicité afin d’obtenir davantage d’efficacité discursive. Elle rappelle l’importance considérable qu’il attache à la langue et la fonction essentielle du novlangue dans l’économie du roman. « Orwell mentionnait que pour se perpétuer, une société totalitaire mettrait en place un système schizophrénique de pensée. Le clivage du sujet, la doublepensée, est le fondement du système totalitaire » (p. 30). Malgré cela, Élene Cliche considère que l’écriture d’Orwell ne se réduit pas à un discours didactique car le goût du récit chez l’écrivain, l’acuité de son regard et son attention sensible aux êtres suscitent une multiplicité d’affects.

Source : Janelle, Claude, L'ASFFQ 1986, Le Passeur, p. 156-157.