Darko Suvin

Parution : Science-fiction et Fiction spéculative, Éditions de l'Université de Bruxelles, Bruxelles, 1985, p. 141-148.

Darko Suvin situe le commencement de la SF au plus tard avec Platon mais précise que la tradition du roman ne fusionne pas pleinement avec le genre SF avant la seconde moitié du XIXe siècle. Ayant ainsi établi son champ d’étude, il se concentre sur deux éléments primordiaux de la SF qui touchent ses aspects formaux et sociologiques : le novum comme générateur d’intrigue et la fin. Suvin rappelle que la SF se caractérise par « l’hégémonie narrative du novum fictionnel et cependant cognitif ». Il s’ensuit une réalité alternative fictionnelle se traduisant par un chronotope différent (temps historique différent et espace changé). 

Plus loin, le théoricien avance que la « la SF moderne est sous l’hégémonie de l’épopée » parce qu’elle développe « une structure épique avec temps mondain en développement » fondée sur le rapport entre le Soi et l’Autre. Si le novum imprègne tout le roman, la fin se limite à un segment très court qui « laisse le lecteur avec une directive intégrée sur la façon d’appliquer la lecture à sa réalité empirique ». Il existe toute une gamme formelle de types de fin et leur fréquence varie avec les époques. Ce qu’il importe de retenir, c’est que « les fins seront définies par la façon dont elles réconcilient le principe d’espérance et le principe de réalité ».    

Source : Janelle, Claude, L'ASFFQ 1985, Le Passeur, p. 164.