Daniel Coulombe et Eliane Santschi

Parution : Solaris 117, Gallix, 1996, p. 18-21.

Les deux auteurs de l’article précisent qu’ils n’entendent pas se livrer à une psychanalyse freudienne des fantasmes sexuels de Natasha Beaulieu mais plutôt à une psychocritique, à « une investigation du processus créatif d’une auteure de fantastique » à travers le thème miné de la sexualité. Ils se penchent sur un corpus de onze nouvelles publiées entre 1992 et 1995 pour dégager les caractéristiques de l’homme (un phallocrate, « un pervers polymorphe à l’érotisme non génital ») et de la femme (pute, maîtresse) qui sont les protagonistes de ces textes. Coulombe et Santschi apportent des nuances à cette caractérisation sommaire en décortiquant les fantasmes masculins et féminins des principaux personnages.

Malgré le caractère érotique des situations, les deux analystes constatent que les protagonistes réalisent rarement leur fantasme – la copulation n’a pas lieu, le rêve ou la projection de l’imaginaire étant plus fort que le réel. Les prostituées de Beaulieu, qui travaillent dans la rue, sont des femmes-objets exposées au danger et aux actes dégradants. Elles appartiennent à la classe inférieure des travailleuses du sexe et sont soumises au fantasme masculin. Souvent, la sexualité est assimilée à la débauche et au péché, de sorte que la satisfaction du fantasme entraîne la condamnation du personnage. En fait, comme le soulignent les auteurs dans la dernière partie de leur article en faisant valoir les liens qui existent entre relation sexuelle et écriture, l’unique sexualité permise est la lecture et l’écriture qui permettent de sublimer le désir. Les nouvelles « La Dernière Ligne » et « La Créature de papier » en fournissent un exemple éloquent.

Source : Janelle, Claude, L'ASFFQ 1996, Alire, p. 225-226.