Sylvie Vincent

Parution : Recherches amérindiennes au Québec, vol. XVII, n˚ 3, Montréal, 1987, p. 79-94.

Dans cette étude, Sylvie Vincent s’applique à dégager l’image de l’Amérindien véhiculée dans cinq romans de Daniel Sernine (Le Trésor du ScorpionL’Épée ArhapalLa Cité inconnueLes Envoûtements et Le Cercle violet) et à comparer cette représentation à celle qu’on trouve dans la production québécoise. Après avoir décrit la situation spatiale des différents groupes amérindiens, elle s’attarde plus particulièrement aux Abénaquis sur lesquels Sernine fournit le plus d’informations. Elle examine leur société et leur culture et conclut que l’auteur établit une distanciation entre les Abénaquis et le lecteur, soit en étant vague, voire mal renseigné sur leurs caractéristiques physiques et culturelles, soit en se servant de personnages pour rapporter leurs faits et gestes. Elle ajoute toutefois que Sernine se garde de porter tout jugement sur cette culture, ce qui le différencie des auteurs pour la jeunesse qui ont tendance à idéaliser ou dévaloriser les cultures amérindiennes. 

Sylvie Vincent examine ensuite les relations entre les Abénaquis et les Français, ce qui lui permet d’identifier deux types d’Amérindiens : « ceux qui vont et viennent entre les deux cultures » et « ceux qui vont et viennent entre les mondes naturel et surnaturel ». Elle remarque cependant que dans la communication avec le surnaturel, les sorciers abénaquis ne sont que les assistants des sorciers français et, de ce fait, ne sont « pas entièrement maîtres de leurs rapports avec le monde invisible ».

Sylvie Vincent termine son étude en situant la fonction des Amérindiens dans le récit. « Ils occupent l’axe de la communication entre des univers différents », la société et le mode de vie amérindiens constituant pour les Français une étape sur le chemin qui mène au monde surnaturel. Elle montre qu’en utilisant le concept de liberté qui, dans la pensée occidentale, est systématiquement accolé aux cultures amérindiennes, Sernine se donne la possibilité d’accéder au monde surnaturel, objet premier du récit fantastique.  

Source : Janelle, Claude, L'ASFFQ 1987, Le Passeur, p. 212-213.