Michel Lord

Parution : Les Cahiers des paralittératures 3, Liège (Belgique), Éditions du C.L.P.C.F., 1992, p. 77-84.

Michel Lord se penche sur le cas de Carfax, fanzine québécois consacré au fantastique et à l’horreur qui a existé de 1984 à 1988 et livré 45 numéros. Comme les fanzines qui s’inscrivent dans la tradition américaine, Carfax a adopté dès le début une position d’indifférence face aux préoccupations de l’institution littéraire. En clair, cela signifie que la direction éditoriale a toujours accordé la priorité à l’histoire au détriment souvent de la qualité littéraire et de « l’aspect proprement scripturaire de la formalisation esthétique ». 

Cepen­dant, Michel Lord décèle une ambiguïté dans cette attitude en relevant plusieurs manifestations de la part de l’éditeur du fanzine qui s’est plaint du manque de reconnaissance des praticiens du genre et de l’institution. L’es­sayiste note que la réception du fanzine s’est traduite par un silence total dans le champ littéraire général et par une appréciation ambivalente dans le champ spécialisé. Après avoir analysé la production des premiers numéros – en gros, les quinze premiers – marquée par l’usage récurrent du cliché propre au genre fantastique, particulièrement dans sa composante horrifique, Lord diagnostique les causes de l’échec du fanzine. Elles seraient dues à la pauvreté de l’écriture qui s’explique par un manque de formation des praticiens du fantastique horrifiant. L’entreprise de Carfax révèle « un décalage entre les exigences institutionnelles du savoir-faire et celles du vouloir-faire individuel », ce qui a contribué finalement à sa marginalisation.  

Source : Janelle, Claude, L'ASFFQ 1992, Alire, p. 226.