Élisabeth Vonarburg

Parution : Solaris 86, Hull, 1989, p. 33-36 et 38.

Élisabeth Vonarburg met en parallèle deux romans (parus en français en 1988) qui utilisent une situation classique de la SF, le monde post-catastrophe, sans pour autant appartenir à ce genre littéraire : Fiskadoro de l’Américain Denis Johnson et Déconnection du Français Claude Ollier. Avant de relever les convergences et les divergences entre ces deux ro­mans, l’auteure se demande : Qu’est-ce qui fait qu’ils ne sont pas des œuvres de SF ? Il y manque, selon elle, un dosage et une dynamique d’éléments propres au complexe thématique (motifs/images/situations) du monde post-catastrophe qui permettrait au lecteur de reconstruire le paradigme absent. 

Elle considère aussi que le rapport au temps constitue un point de différenciation essentiel entre SF et non-SF. Ainsi, dans les deux romans concernés, le mot-clé est « mémoire » puisqu’ils entretiennent une obsession pour le passé qui se manifeste par la référence à l’Histoire passée. Les deux auteurs construisent différemment leurs récits mais utilisent tous deux le détour par ce futur proche pour plonger aussitôt dans le passé. En outre, à défaut parfois d’une distance temporelle énorme, la SF instaure une distance en quelque sorte conceptuelle par le biais d’une conscience humaine différente ou en transformation parce qu’elle est en interaction constante avec le nou­vel environnement.

Enfin, l’essayiste note que la finale représente une autre source de divergence entre les deux romans : ouverte chez l’Américain, pessimiste chez le Français (et symptomatique de la SF française) qui tra­duirait ainsi l’état d’esprit de l’intellectuel constatant le pouvoir déclinant de l’Europe dans le monde.                            

Source : Janelle, Claude, L'ASFFQ 1989, Le Passeur, p. 246-247.