Sophie Wampach

Parution : Les Voies du fantastique québécois, Québec, CRELIQ, Nuit blanche éditeur, coll. Séminaire n˚ 3, 1990, p. 223-244.

Convaincue que tout texte de fiction comporte un discours sur la littérature, Sophie Wampach se propose de réaliser une analyse intratextuelle de la nouvelle de Marie José Thériault, « Les Cyclopes du jardin public », en étudiant l’inscription du littéraire. Ce faisant, elle espère être en mesure de cerner de plus près l’écriture fantastique car, selon une hypothèse qu’elle emprunte à Louise Milot, « la manifestation/l’inscription du littéraire dans le discours […] peut expliquer toute une série d’autres manifestations discursives qu’elle commanderait ». L’essayiste s’attache d’abord à repérer l’isotopie du littéraire dans la trame événementielle (la diégèse), plus particulièrement le sujet de l’énonciation. Elle distingue deux types d’inscription littéraire : l’inscription de l’écriture (une seule dans la nouvelle analysée, soit l’énigmatique texte du carton dans la vitrine de la boutique) et les figures qui relèvent davantage de la construction consécutive à l’analyse des enjeux d’écriture manifestés par la nouvelle (idéogrammes, plan, contours, gratte-ciel...). 

S’appuyant sur la théorie sémiotique de Greimas selon laquelle « le texte installe dès le départ les figures qui seront transformées ou réinterprétées », Sophie Wampach va ensuite observer comment ces figures vont contribuer à installer le fantastique dans le texte. Elle suit le parcours du personnage masculin (« il ») et constate chez lui, plusieurs exemples à l’appui, une incompétence à lire la réalité, à décoder les signes qui le conduit dans un second monde, trop préoccupé qu’il est par la vision plutôt que par l’interprétation. Elle situe le point stratégique du récit au moment où le personnage masculin se fait fixer par l’œil du cyclope. Dès lors, on assiste à l’émergence d’un nouveau sens à travers notamment les figures de couture et de cuisine parce qu’elles se retrouvent dans un autre contexte.

Source : Janelle, Claude, L'AFFQ 1991, Logiques/Le Passeur, p. 207.