Élisabeth Vonarburg

Parution : Requiem 15, Longueuil, 1977, p. 12-13.

Dans cet article qui se veut polémique, Élisabeth Vonarburg s’interroge sur l’existence de la science-fiction au Québec. Elle constate qu’avant 1974, le genre est à peu près absent dans la littérature québécoise. Elle explique cette situation par des facteurs extra-littéraires ou socio-politiques : méconnaissance du genre chez les écrivains, résistance à la culture anglo-saxonne à laquelle est associée d’emblée la science-fiction, décalage des traductions en français, absence d’un lieu éditorial rassembleur. En fait, le désir de défendre la langue et la culture québécoises constituerait un obstacle majeur au développement de la conjecture rationnelle, d’autant que la science-fiction est considérée comme « une littérature de rupture par rapport au passé ».

Néanmoins, sur la base de quelques œuvres, l’essayiste dégage deux caractéristiques de la production québécoise : un mélange entre le fantastique et la SF, d’une part, et un balancement entre SF et fantasy, d’autre part. Elle croit voir aussi se dessiner dans la confusion générale des genres une troisième tendance : une combinaison SF et ésotérisme. Mais l’année 1974 au cours de laquelle sont parus plusieurs romans de qualité et a été créé un premier fanzine, Requiem, autour duquel se constitue une communauté de lecteurs et d’aspirants écrivains, suscite chez Élisabeth Vonarburg l’espoir d’assister à la naissance d’une science-fiction québécoise originale.

Source : Janelle, Claude, Les Années d'éclosion (1970-1978), Alire, 2021, p. 448-449.