Pierre Corbeil

Parution : Solaris 110, Ville-Marie, 1994, p. 29-33.

Auteur lui-même de deux textes uchroniques, Pierre Corbeil définit l’uchronie et donne des exemples d’œuvres qui peuvent être rattachées à ce sous-genre de la science-fiction. La science à la base de l’uchronie est l’histoire : « L’uchronie est une fiction située dans un univers où l’histoire a été différente de celle que nous connaissons (ou croyons connaître) », énonce-t-il. Le temps étant lié à l’histoire, Corbeil établit une distinction entre le temps des physiciens (le temps perçu comme une dimension de l’univers) et le temps des historiens (l’histoire comme discipline tentant « de créer un modèle cohérent et explicatif des actions des humains de génération en génération ». Le premier a donné naissance au concept du voyage dans le temps dont la première manifestation remonte à L’An 2440 de Sébastien Mercier (1771). Le second a trouvé son mode d’expression, en ce qui concerne la fiction, dans l’uchronie dont Bring the Jubilee de Ward Moore (1955) constitue l’œuvre fondatrice. 

L’essayiste est ainsi amené à esquisser un portrait de la progression conceptuelle du genre. Pour le professeur d’histoire (maintenant retraité) qu’est Corbeil, l’uchronie pure reposerait sur un « scénario qui installe ses personnages dans un univers complet et cohérent, sans lien aucun avec un autre univers, que ce soit le nôtre ou un autre ». Les collisions d’univers et les manipulations d’événements historiques dans des univers parallèles telles que les ont imaginées des auteurs comme Fritz Leiber, Simon Hawke, Poul Anderson et Andre Norton relèveraient de l’uchronie impure, sans préjuger de la qualité littéraire de l’œuvre elle-même.  

Source : Janelle, Claude, L'ASFFQ 1994, Alire, p. 217.