Michel Lord

Parution : La Licorne 27, Poitiers, Université de Poitiers, 1993, p. 155-166.

Après un bref survol des œuvres de SF québécoises parues avant 1960, Michel Lord propose « un regard panoramique » sur la production de la période 1960-1992. Il divise celle-ci en trois grandes phases, qui vont de pair également avec l’émergence de la littérature fantastique dans le champ littéraire général. La première phase (1960-1973) a pour principale caractéristique une production relativement faible en nombre et sans véritable continuité de la part de ceux qui ont tâté du genre. La deuxième (1974-1979) est marquée par l’établissement de la SF « sur des bases éditoriales spécialisées et durables », essentiellement des fanzines, comme cela est pratique courante dans la tradition nord-américaine de la SF. La troisième phase (1979-1992) coïncide avec la consécration de la pratique science-fictionnelle qui peut désormais compter sur une institutionnalisation de ses acquis (prix, congrès, revues).

Pour Michel Lord, l’apparition et le développement des genres « irréalistes » – la SF tout comme le fantastique – au cours de ces trente années sont en phase avec la situation sociopolitique du Québec d’alors. Ainsi, « le refus de l’inadmissible (la Conquête de 1759) » trouve une voix dans le fantastique qui permet l’expression du refoulé, tandis que « le désir d’une libération par l’imagination spéculative » est pris en charge par la SF, seul genre littéraire capable d’inventer un futur différent ou alternatif.

De la production qui a contribué à faire naître la science-fiction contemporaine, l’essayiste retient l’œuvre de cinq écrivains incontournables, Esther Rochon, Jean-Pierre April, Élisabeth Vonarburg, Jacques Brossard et Daniel Sernine, dont il met en lumière les thèmes qu’ils privilégient et les caractéristiques qui définissent leur écriture respective.

Source : Janelle, Claude, L'ASFFQ 1993, Alire, p. 223.