Ludmila Bovet

Parution : Québec français 100, Sainte-Foy, 1996, p. 110-112.

Ludmila Bovet creuse l’étymologie du mot chasse-galerie et relève le glissement de sens que le terme a subi en passant du continent européen au continent nord-américain. Originaire de l’ouest de la France, le mot désignait « une troupe de diables et de damnés qui passaient à grand bruit dans les airs ». Ces chasses aériennes sont connues dans toute l’Europe et portent souvent le nom du personnage qui les conduit : chasse Artuschasse Hennequin, etc. Cependant, galerie ne proviendrait pas d’un seigneur nommé Gallery – il n’existe aucun seigneur de ce nom dans le Poitou – mais des noms galier et gaille qui signifiaient « cheval » au XVe siècle. Introduit au Canada français par des colons français, le mot s’est adapté aux conditions d’un nouvel environnement social, géographique et culturel – pas de chasse à courre ici, chemins difficilement praticables l’hiver, chantiers de bûcherons éloignés – et la légende dont il est issu a perdu son caractère maléfique pour devenir un symbole de réjouissances que le vol magique fait miroiter puisque le diable ressort toujours les mains vides à la suite du pacte que les voyageurs concluent avec lui.

Source : Janelle, Claude, L'ASFFQ 1996, Alire, p. 224.