Hélène Colas de la Noue

Mémoire de maîtrise, Université du Québec à Trois-Rivières, 1990, 169 pages.

Résumé
La SF, par son cadre et ses perspectives, nous le verrons, peut apporter un questionnement d'un autre odre sur la réalité sociale d'une époque donnée, et aussi de la nôtre dans ce qu'elles ont en commun. Par sa représentation des sciences et des techniques, en particulier, elle prend en charge une réalité qui structure en profondeur la vie sociale de notre époque et constitue un puissant facteur d'évolution. Elle peut ainsi témoigner de façon pertinente des attitudes sociales face au changement d'origine scientifique ou technique.

C'est dans la perspective d'une SF en prise sur la réalité sociale que nous voulons analyser les œuvres de SF produites au Québec pendant une période tenue pour une période de changement majeur, celle de la Révolution tranquille et des années qui l'ont suivie. Ces œuvres sont des dystopies, notamment, et c'est parmi celles-ci que nous choisirons les œuvres du corpus.

Propagande, en quelque sorte, contre l'utopie, la dystopie occupe une place ambiguë dans le cadre de la SF. C'est une critique sociale qui peut elle-même être critiquée.

Comment les dystopies québécoises se situent-elles dans le cadre de la SF que nous venons d'esquisser ? Dans quelle mesure rendent-elles compte d'une période de mutation sociale telle que semble l'être la période de la Révolution tranquille avec ses courants contradictoires ? Quelles visions apportent-elles en particulier des sciences et des techniques et de leurs effets sociaux ?

Dans un premier chapitre, nous présenterons en divers points le cadre de notre recherche puis, dans un deuxième chapitre, nous présenterons la SF écrite au Québec. Dans les deux chapitres suivants, nous montrerons comment sont représentées les sciences et les techniques dans les quatre textes du corpus : nous analyserons d'abord les images des sciences et des techniques comme mode d'appréhension de la réalité en général, puis nous montrerons dans chaque œuvre les effets sociaux proprement dits des sciences et des techniques.

Nous voulons essayer de montrer que, même sous sa forme dystopique, la science-fiction québécoise avant la lettre est capable d'exprimer les craintes et les espoirs d'une société face au changement et qu'elle répond, en partie du moins, au potentiel de la SF en général : celui d'être, pour plusieurs auteurs et pour nous, une littérature significative d'une époque donnée, où peuvent être explorés de façon pertinente l'avenir et ses possibles.

Table des matières
INTRODUCTION 1

CHAPITRE I : SCIENCE-FICTION ET DYSTOPIE 6
1. Approche méthodologique 7
2. La science-fiction 13
2.
1 La science-fiction : différentes perspectives 13
2.2 Science-fiction et histoire 18
2.3 Science-fiction et dystopie 24
2.4 Science-fiction et science 30

CHAPITRE II : LE CORPUS D'ANALYSE 41
1. La présentation des œuvres 43
2. Le contexte des œuvres 47
2.1 Histoire de la science-fiction au Québec 47
2.2 Histoire de la période 1963-1973 : la Révolution tranquille et après 55

CHAPITRE III : LES REPRÉSENTATIONS DES SCIENCES ET DES TECHNIQUES DANS LA SCIENCE-FICTION QUÉBÉCOISE 64 
1. Quelques données au sujet des sciences et des techniques représentées 66
2. Les images des sciences et des technique 75
2.1 Les sciences et les techniques « conventionnelles » 75
a) Les sciences et les techniques comme pouvoir 75
b) les sciences et les techniques comme objets de « fascination » 84
c) les sciences et les techniques comme facteurs de déshumanisation 88
d) Les sciences et les techniques : des outils inadaptés 92
2.2 Les sciences et les techniques « parallèles » : positivité et dystopie 96

CHAPITRE IV : LES REPRÉSENTATIONS DE LA SOCIÉTÉ DANS LES DYSTOPIES QUÉBÉCOISES 109
1. Des sociétés en dialogue 110
1.1 Surréal 3000 110
1.2 Api 2967 119
1.3 Les Nomades 124
1.4 Les Tours de Babylone 131
2. Des dystopies ambiguës 140

CONCLUSION 153
Bibliographie 162