Catherine Bourassa Gaudreault

Mémoire de maîtrise, Université du Québec à Montréal, 2007, 138 pages.

Résumé
La science-fiction est une écriture de l'ailleurs : ailleurs dans le temps, ailleurs dans l'espace, ailleurs dans la technologie. Elle est, par conséquent, écriture de l'étrangeté : l'ailleurs est autre, différent ; il intègre des éléments de nouveauté techno-scientifique et relatifs aux sciences humaines (novum) tout en gardant certaines correspondances avec le réel. La distanciation ainsi causée établit un environnement de lecture propice à la rêverie, dans laquelle baigne la science-fiction québécoise à ses débuts. Entre 1980 et 1984, période d'affirmation et de professionnalisation de la science-fiction au Québec, la production textuelle se caractérise par deux tendances instigatrices de rêverie : dans la première, c'est l'univers mis en place par la narration qui la provoque ; tandis que dans la seconde se conjuguent les rêves et rêveries des personnages qui tentent de s'échapper d'une réalité devenue déshumanisante.

Dans le premier cas, le lecteur construit sa rêverie à partir de la nouveauté que lui offre le paradigme de la science-fiction. Vocabulaire inconnu, nature exotique, corps modifié et érotique, tous les éléments différents de l'univers référentiel du lecteur servent à stimuler le sentiment de rêverie. Dans le deuxième cas, c'est le développement d'une intériorité, d'une recherche de l'ailleurs chez les personnages mêmes qui permet la rêverie. Pour expliquer la présence et la formation d'une poétique de la rêverie en science-fiction québécoise, nous utiliserons les écrits de William F. Touponce. C'est le premier qui ait analysé des textes de science-fiction et de fantastique, en l'occurrence ceux de Ray Bradbury, selon la poétique de la rêverie telle que présentée par Bachelard. Parce que ces textes ne sont pas que pure imagination, et que le lecteur doit tout de même trouver des éléments référentiels familiers pour amorcer sa rêverie, Touponce s'est aussi inspiré du cadre théorique de Wolfgang Iser sur le rôle cognitif du lecteur. Pour Touponce, la rêverie n'est pas un acte passif, elle survient à la suite d'une lecture active, et les processus impliqués dans cette action sont ceux qui permettent de détecter l'étrangeté, de distinguer l'ailleurs du réel et de favoriser la rêverie.

Table des matières
Résumé iv
Introduction 1

CHAPITRE I : L'ÉTRANGETÉ, À LA SOURCE DE LA RÊVERIE EN SCIENCE-FICTION 
1.1 Introduction 8
1.2 Étrangeté et rêverie en science-fiction 10
1.3 La poétique de la rêverie selon G. Bachelard 20
1.4 L’acte de lecture selon W. Iser 26
1.5 Conclusion : Cognition et sublimation 35

CHAPITRE II : DISCOURS DE LA SCIENCE-FICTION ET RÊVERIE
2.1 Introduction 37
2.2 Le paradigme absent 38
2.3 La xénoencyclopédie 44
2.4 Syntagmes et effets d’étrangeté 58
2.5 Conclusion 68

CHAPITRE III : RÊVERIES DE LIEUX, DE CORPS ET D'ÉVASION
3.1 Introduction 70
3.2 Les lieux de la rêverie 71
3.3 Rêverie autour du corps 87
3.4 Rêverie autour de l’ailleurs 97
3.5 Conclusion 108

CONCLUSION 111
Appendice A 116
Appendice B 130
Bibliographie 131