Jérôme-Olivier Allard

Mémoire de maîtrise, Université du Québec à Montréal, 2015, 129 pages.

Résumé
Fantômes, vampires, goules, squelettes et autres cadavres en putréfaction, les morts-vivants de toutes sortes hantent de longue date les rêves des humains et leurs productions artistiques. Le zombie, ce monstre anthropophage sorti de sa tombe pour se repaître inlassablement de chair humaine, est devenu, depuis sa (re)naissance dans le film Night of the Living Dead (1968) du cinéaste américain George Andrew Romero, un antagoniste par excellence du genre de l'horreur ; de façon encore plus marquée depuis le début du 21siècle, il contamine l'imaginaire occidental contemporain.

Un déplacement s'opère dans quelques productions zombiesques récentes : le mort-vivant, de chose menaçante et indifférenciée, (re)devient un être sensible et doué de raison. Violenté et malmené par les humains, il est un souffre-douleur différent qu'on prend plaisir à tourmenter sans raison, un sujet en quête de reconnaissance ou un citoyen de troisième classe revendiquant un droit de cité. Ce mémoire vise à mettre au jour une figure encore peu étudiée par la critique universitaire, celle du zombie réhumanisé, qui a retrouvé d'une manière ou d'une autre une partie de ses aptitudes (conscience, langage, émotions, etc.), et ce, en tant qu'elle est inscrite dans des rapports de pouvoirs qui évoquent peut-être un environnement politique réel.

Dans certains univers fictionnels, le zombie réhumanisé, porté par un élan révolutionnaire et exploité par une majorité vivante qui refuse de remettre en question sa présumée supériorité et ses privilèges, connaît la révolte et embrasse une lutte (individuelle ou collective) visant à faire cesser les injustices dont il se sent victime. Ce mémoire porte notamment sur l'humanité retrouvée, le corps mort-vivant, la cellule familiale, la chair interdite, les modalités de la répression et les expressions de la résistance dans le film Fido (Currie, 2006), la série télévisée In the Flesh (Mitchell, 2013) et le roman Breathers (Browne, 2009).

Table des matières
Liste des figures v
Liste des abréviations vii
Résumé ix
INTRODUCTION 1

CHAPITRE 1 - FIDO : LE ZOMBIE DOMESTIQUÉ
1.1 Introduction 25
1.2 Fido en quelques mots 27
1.3. Le zombie : mi-bête, mi-homme
1.3.1 Zombie animalisé 29
1.3 .2 Zombie humanisé 31
1.4 Corps instrumentalisés, érotisés, violentés 34
1.5 Des familles nouveau genre 37
1.6 Trinquer et mordre 40
1.7 « A Better Life Through Containment » 41
1.8 Tenir tête 43
1.9 Fido, le meilleur ami de l'homme 45

CHAPITRE 2 - IN THE FLESH : LE ZOMBIE OSTRACISÉ
2.1 Introduction 47
2.2 ln the Flesh en quelques mots 50
2.3 Homme ou démon ? 52
2.4 La performance du corps vivant
2.4.1 Corps marqués, corps masqués 56
2.4.2 Corps violentés 58
2.4.3 Corps érotisés, corps immortels 60
2.5 Des familles (en pièces) reconstituées 61
2.6 Les nourritures interdites 63
2.7 Contrôle d'une population malade
2.7.1 Prise en charge gouvernementale 65
2.7.2 Mobilité entravée, mobilité forcée 65
2.7.3 Gouvernance, différence et vivre-ensemble 67
2.8 Le Undead Prophet et son armée révolutionnaire 70
2.9 Le zombie réhabilité 71

CHAPITRE 3 - BREATHERS : LE ZOMBIE RÉVOLTÉ
3 .1 Introduction 73
3.2 Breathers en quelques mots 76
3.3 Des restes d'humanité 78
3 .4 Le devenir du corps
3.4.1 Corps putréfié 80
3.4.2 Corps ressuscité 82
3.4.3 Corps désirant, corps posthumain 83
3.4.4 Le corps – violence et dépossession 84
3.5 Le mouton mort de la famille 87
3.6 Le repas sacrificiel. Expérience culinaire endocannibalique 89
3.7 « Go back to your grave, you fuckin' freak » 91
3.8 Résistance of the Dead
3.8.1 Subjectivation du mort-vivant 94
3.8.2 Le zombie prend la rue 95
3.9 L'insoumission des zombies insurgés 99

CONCLUSION 101
Bibliographie 113