À propos de cette édition

Éditeur
Maclean Hunter
Genre
Science-fiction
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Châtelaine, vol. IV, n˚ 5
Pagination
30-31 ; 75-79
Lieu
Montréal
Année de parution
1963

Résumé/Sommaire

16 juin 2010 : Emma fête son 75e anniversaire. Elle est restée une femme du XXe siècle, dans un monde qui a connu les ravages d’une guerre nucléaire. Les grands perdants auront été les petites puissances, qui ont déclenché la guerre et sur qui les bombes des deux grands adversaires ont plu, massacrant la moitié de l’humanité.

À la suite de cette horreur, les pays développés ont sombré dans une certaine décadence : tous les efforts scientifiques et sociaux sont consacrés à se distraire, à ne plus penser à ce qui s’est passé. La guerre ne reviendra plus, mais ce n’est pas vraiment la paix qui règne.

Emma refuse d’oublier, refuse de capituler. Le domestique au service de sa famille, un jeune homme aux yeux bridés, représentant de la race qui fut presque complètement anéantie, ose lui avouer qu’elle n’est pas seule, qu’il y a des gens qui tentent de réunir ceux qui ont la volonté d’agir. Mais Emma est bien vieille, et le monde du XXIe siècle ne veut pas confronter la réalité en face…

Commentaires

Si le motif de base de ce texte est assez convenu, l’auteure y apporte une variation intéressante et rattache le thème de l’holocauste nucléaire à celui de la disparité économique avec le Tiers-Monde. On s’écarte donc ici des sentiers battus, tout en restant en plein dans la mire de ce genre de récit qui décrit traditionnellement la fin du monde. Ici, même si la moitié de l’humanité a survécu malgré des maladies nouvelles résultant des retombées radioactives, même si la civilisation paraît à peu près intacte, c’est l’âme humaine qui est morte. Partout, on se complaît dans l’oubli, on cherche à éviter la douleur à tout prix. Signe qui ne trompe pas : on ne lit plus. Le texte se termine d’ailleurs, après le décès et l’enterrement d’Emma, par une image poignante (surtout pour un écrivain) : « À la nuit tombante, les voisins furent invités à un feu de joie sur la grève. On brûlait les livres de grand-mère. »

Du point de vue stylistique, « 16 juin an 2010 » est un peu terne, mais la palette de couleurs n’est pas dépourvue d’une certaine délicatesse. Je réponds à l’atmosphère de la nouvelle, même si ce n’est pas avec autant d’intensité que l’on aurait pu souhaiter. Sans que ce soit un chef-d’œuvre immortel, Adèle Lauzon signe ici une réussite discrète. [YM]

  • Source : La Décennie charnière (1960-1969), Alire, p. 115.