À propos de cette édition

Éditeur
Fusion
Genre
Science-fiction
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Fusion, vol. 1, n˚ 6
Pagination
26-28
Lieu
Drummondville
Année de parution
1990
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Marie Hutter se soumet volontairement à des expériences d’inoculation visant à produire des organes humains. Ce n’est plus un bras ou une jambe qui est en train de se former sur son corps, mais un être entier. Le jour où les médecins décident de détacher le greffon du ventre de Marie, ils doivent se raviser car le cœur du « bébé » refuse de battre seul. Marie doit faire face à un dilemme déchirant.

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Commentaires

Le phénomène des mères porteuses et de la reproduction in vitro défraie régulièrement les manchettes depuis une décennie. L’auteur esquisse ici une variation sur le thème de la maternité artificielle en présentant le cas d’un embryon qui se développe à l’extérieur de la matrice à la suite de l’implantation de cellules prélevées sur le corps d’une femme.

« À fleur de peau » traite des problèmes d’éthique auxquels doivent faire face les scientifiques qui mènent des expériences génétiques sur des sujets humains. Joël Champetier montre à quel point il est dangereux de jouer avec les cellules humaines tant l’organisme peut avoir des réactions imprévisibles. Certes, l’équipe de chercheurs qui utilisent Marie pour leurs expériences sont animés de bons sentiments mais ils n’en projettent pas moins l’image d’apprentis sorciers.

L’atmosphère de cette nouvelle est feutrée car la narration porte avant tout sur le débat moral personnel de Marie qui a librement choisi de se prêter à ces expériences, ne l’oublions pas. Malgré cela, l’inconséquence et l’irresponsabilité des chercheurs donnent la chair de poule. Sous l’apparente compassion du corps médical affleure la sécheresse des hommes de science qui tentent d’aseptiser la réalité en utilisant un langage neutre. Ainsi, l’être qui s’est développé n’est jamais pour eux qu’un tératome. Le message sous-jacent de Champetier rejoint ici les mises en garde d’un scientifique comme Albert Jacquard à l’égard de ses confrères qui ont perdu de vue les nobles idéaux de leur pratique.

« À fleur de peau » n’est cependant pas la meilleure nouvelle de Joël Champetier. D’abord, le thème n’est pas très original même si ce genre de dénonciation demeure toujours d’actualité. En outre, en raison de sa brièveté, ce texte ne vide pas le débat moral, peu s’en faut, et s’en tient à un traitement qui sollicite surtout l’émotion du lecteur. On prendra note, toutefois, qu’encore une fois, c’est la femme qui fait les frais d’une expérience scientifique au terme de laquelle elle se trouve dépossédée de sa maternité.

Moins percutante que les nouvelles du cycle d’Andropolis de Guy Bouchard, la nouvelle de Champetier n’en arrive pas moins au même constat affligeant. [CJ]

  • Source : L'ASFFQ 1990, Le Passeur, p. 49-50.