À propos de cette édition

Éditeur
CEULa
Genre
Fantastique
Longueur
Nouvelle
Paru dans
L'Écrit primal 2
Pagination
85-91
Lieu
Sainte-Foy
Année de parution
1987
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Dans le but d’exorciser définitivement le passé, la narratrice retourne sur les lieux où se sont noyés son mari Martin et sa fille Jacinthe. Mais elle entend leur appel et se laisse emporter vers la mer par un rocher noir ayant l’apparence d’une tortue.

Commentaires

Quel beau titre chargé d’évocations diverses ! La chanson de Sting nous revient en mémoire de même que le roman de Philip K. Dick, Do Androids Dream of Electric Sheep ? Pourtant, « À quoi rêvent les tortues ? » n’a rien à voir avec ces deux souvenirs puisqu’il s’agit d’une nouvelle fantastique simple, qui prend la mesure et le rythme du quotidien. Hélène Turcotte y aborde le thème de la culpabilité et de l’immortalité qui s’incarnent tous les deux dans l’image de la tortue.

Cet animal amphibie symbolise l’immortalité en raison de sa longévité exceptionnelle, idée que l’artiste américaine Meredith Monk exploitait dans son spectacle Turtle Dreams présenté lors du dernier Festival de théâtre des Amériques. Mais la comparaison s’arrête là car Hélène Turcotte n’a pas écrit un texte d’avant-garde mais plutôt un éloge du passé heureux.

Par ailleurs, la culpabilité ressentie par la narratrice est transmise par les trois tortues de son mari qu’elle a lancées à la mer. Ce sont elles qui assurent le lien entre le passé et le présent, qui font la différence entre l’oubli et le souvenir et qui peuvent recréer le bonheur interrompu. Elles sont porteuses d’utopie. C’est pourquoi la fin ne surprend pas : elle est dans l’ordre logique des choses.

La prose d’Hélène Turcotte est attentive à la nature et la relation de connivence qui se tisse entre la narratrice et le fleuve Saint-Laurent est bien rendue. En fait, cette nouvelle me rappelle certains textes d’Annick Perrot-Bishop en raison de l’importance de sa symbolique de l’eau. Il y a d’ailleurs un lapsus ou une coquille typographique très explicite à ce sujet dans le premier paragraphe : « Voila peut-èetre pourquoi Marin et moi avions voulu… ». Ce qu’un “t” oublié peut laisser voir…

Par contre, j’ai été déçu par la qualité de l’écriture, compte tenu qu’il s’agit d’une revue de création de niveau universitaire. L’Écrit primal est en effet publié par le Cercle d’écriture de l’Université Laval. « Périls en mer » ne s’accorde pas parce que ce verbe se conjugue avec le verbe avoir et non avec le verbe être. Le pronom démonstratif ça ne prend pas d’accent grave.

Ce sont de petits détails, direz-vous, mais un auteur qui prend le parti du quotidien et de la simplicité doit leur accorder une attention particulière, autant dans la forme que dans le fond. Sinon, il renie les principes au nom desquels il écrit. [CJ]

  • Source : L'ASFFQ 1987, Le Passeur, p. 185-186.