À propos de cette édition

Éditeur
La Patrie
Genre
Fantastique
Longueur
Nouvelle
Paru dans
La Patrie, vol. XXIV, n˚ 281
Pagination
23
Lieu
Montréal
Date de parution
24 juin 1903

Résumé/Sommaire

Le narrateur se remémore sa rencontre avec l’Abénaki Wa-Wa, sur le bord de la rivière Saint-François. L’octogénaire lui avait raconté une anecdote qu’il avait vécue alors qu’il avait sept ans. Un groupe d’hommes de sa tribu était parti chasser vers la source de la rivière Saint-François et avait rapporté une cassette d’or dérobée à un Anglais. Comme une lueur bleuâtre émanait du coffret à la noirceur, le grand conseil de la tribu avait décidé de jeter la cassette dans la rivière. La lueur avait persisté à la tombée de la nuit pendant des années.

Commentaires

Le village où habite le vieil Abénaki Wa-Wa n’est pas mentionné mais il est connu aujourd’hui sous le nom d’Odanak, qui signifie « au village ». Ce nom serait postérieur à la publication de la nouvelle de Jean Nicolet.

L’anecdote rapportée par Wa-Wa permet à l’auteur de démontrer que les Amérindiens et les Canadiens français partagent, finalement, certaines caractéristiques. Chez les deux peuples, il existe un fond superstitieux et le respect de la propriété d’autrui fait partie de leurs valeurs. Le fait est que les Abénakis ont conclu que l’or de l’Anglais avait été amassé grâce à des « commerces avec les esprits du noir enfer ».

Il s’avère que cette anecdote, qui ne constitue qu’une portion du récit, fait partie d’une plus vaste entreprise de réhabilitation. La façon de présenter le vieux Wa-Wa, l’omniprésence de la nature, tout concourt à revaloriser l’image de l’Amérindien, à le présenter sous un jour bienveillant et pacifique. Le narrateur est impressionné par la dignité de l’octogénaire et fait acte de contrition en avouant que « nos pères, injustes sans doute envers la pauvre tribu », ont exagéré la cruauté des mœurs amérindiennes dans les histoires qu’ils racontaient aux enfants.

En somme, cette reconnaissance de l’Autre, conjuguée à une certaine nostalgie exprimée par Wa-Wa quand il considère l’ancien mode de vie de son peuple maintenant réduit à vivre sur une réserve, confère au texte de Jean Nicolet une indéniable humanité. Il en émane une réelle volonté de respect mutuel. À lire comme antidote au conte de Louise Des Saules, « L’Héritage des fées du Canada ». [CJ]