À propos de cette édition

Éditeur
Héritage
Titre et numéro de la collection
Échos
Genre
Fantastique
Longueur
Novella
Format
Livre
Pagination
168
Lieu
Saint-Lambert
Année de parution
1996
ISBN
9782762584196
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Nathalie, une adolescente de seize ans, passe l’été dans un chalet rustique à proximité d’un lac de la Côte-Nord. Pendant que son père sillonne les routes du Québec dans le cadre de son emploi, elle s’occupe de son petit frère Thomas, sa mère étant morte depuis plusieurs années. Thomas passe le plus clair de son temps avec son chat Joël, tandis que Nathalie flirte avec Julien, un autre jeune de son âge.

Un matin, le corps déchiqueté de Joël est retrouvé à proximité du chalet. Il aurait été victime d’un carcajou errant non loin de l’habitation. À partir de ce moment, Thomas se referme complètement sur lui-même, refuse de manger (il se contente de verres de lait) ou de quitter sa chambre. Nathalie, inquiète, doit gérer le comportement anormal de son frère, en plus de craindre le retour du carcajou.

Avec le temps, l’état de Thomas se détériore : il devient plus imprévisible, plus brutal, plus sauvage. En fait, il se comporte de plus en plus comme un chat, en miaulant et en marchant à quatre pattes. Une nuit, il déjoue la surveillance de Nathalie et s’enfuit dans la forêt. Quand il revient, après avoir tué le carcajou à main nue, il est à nouveau lui-même, et prétend que l’esprit de Joël l’avait possédé, le temps que le félin puisse se venger de son meurtrier.

Commentaires

Absence est un roman fort bien construit. Cela dit, son appartenance au fantastique est plutôt faible, et se manifeste principalement dans l’hypothèse de la possession d’un enfant par l’esprit de son défunt animal de compagnie, même si cela ressemble surtout à une tentative pour le personnage de rationaliser une crise psychotique.

En fait, on pourrait rattacher un autre élément du roman au domaine du fantastique : la figure du carcajou, qui occupe dans le récit le rôle de la créature malveillante, mystérieuse, insaisissable. En effet, elle n’est aperçue par la narratrice qu’à la toute fin du récit, après avoir été tuée par Thomas/Joël. Avant cela, la bête n’est présentée qu’indirectement : par son odeur infecte, par le grincement de ses griffes contre les parois du chalet… Le roman exploite avec brio l’incertitude et l’anxiété générées par la présence invisible du prédateur. C’est même ce qui génère le plus de suspense dans le récit.

La thématique principale du livre est, comme on peut bien s’en douter, l’absence, et plus précisément le deuil. Nathalie et Thomas ont perdu leur mère depuis des années (et le père, manifestement, ne s’en est toujours pas remis), et Thomas perd brutalement Joël, avec qui il avait une relation presque fusionnelle. Au cours du roman, Nathalie réalise que Julien, son copain, partira pour un long voyage à la fin de l’été, et que leur relation est condamnée.

Les personnages principaux (Nathalie et Thomas) sont très bien développés. Nathalie est intéressante, puisque c’est sur elle et sur ses pensées qu’est centrée la narration. Son petit frère l’est également, même si le récit conserve une certaine distance avec le personnage à partir de la mort du chat. Même les personnages secondaires (le père, les amis de Nathalie et de Thomas) sont réalistes, vivants, distincts.

Absence, en somme, est un excellent roman jeunesse. Les puristes du fantastique lui refuseront peut-être l’étiquette de ce genre, mais ça n’enlève strictement rien à la qualité de l’œuvre. [GV]

  • Source : L'ASFFQ 1996, Alire, p. 42-44.

Références

  • Martin, Christian, Temps Tôt 42, p. 50.