À propos de cette édition

Éditeur
Les Publications Ianus
Genre
Science-fiction
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Orbite d'approche – 1
Pagination
9-21
Lieu
Montréal
Année de parution
1992
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Le père Joseph Péniel, informaticien tout autant qu’homme d’Église, est appelé à évaluer l’entité informatique SURIEL ; les développeurs affirment avoir produit une conscience artificielle, ce qui n’est pas sans choquer les convictions religieuses de Péniel. Le prêtre entreprend un dialogue avec SURIEL et décide de lui charger une base de données théologiques qui lui permettrait d’explorer les principes ontologiques que ses créateurs ont décidé d’éviter pour la phase initiale des travaux. SURIEL se transformera alors en ange logiciel.

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Commentaires

La religion est un thème difficile à aborder en SF sans verser dans la naïveté ou même dans le ridicule du premier degré. Puisque la SF repose normalement sur des bases rationnelles, il est délicat de lui concilier un système de pensée comme la religion, fondé sur la foi, qui comme on le sait échappe à toute logique, à toute raison. Cette antinomie des systèmes de pensée a posé problème à plus d’un auteur. Quelques solutions s’offrent aux téméraires : transposer les rituels externes sans explorer les questions théologiques, comme le fit Fritz Leiber dans Gather Darkness ; se colleter de front aux questions morales et philosophiques en y puisant la substance même du texte (voir Un cas de conscience de James Blish) ; ou prendre la prémisse miraculeuse au pied de la lettre, et donc abandonner la base rationnelle spécifiquement SF. Cette solution verse directement dans le fantastique ou dans la fantasy ; ce dernier genre en particulier regorge de quêtes mystiques, de religions réinventées et de pouvoirs miraculeux. C’est la solution de facilité, la plus explorée, et aussi la plus simpliste et réactionnaire.

Je ne sais si Mario Tessier s’est posé ces questions « techniques » avant de choisir un thème religieux pour son texte ; peu importe d’ailleurs, seul le résultat compte et ce texte donne l’impression très nette que l’auteur ne s’est nullement interrogé quant à l’adéquation du sujet aux moyens et à l’intrigue choisie, impression découlant principalement de la conclusion, un décrochage miraculeux qui contredit le questionnement intellectuel qui a précédé. En fait, on jurerait même que le texte n’a été écrit que pour donner à l’auteur l’occasion d’utiliser cette conclusion, qui l’a certainement charmé par son astuce superficielle. Les pages qui précèdent la transformation finale se situent dans le registre de littérature cognitive propre à la SF dans ses aspirations les plus fécondes. La conclusion ravale toutefois le texte au rang des divagations mystico-religieuses en vogue à notre époque. [LP]

  • Source : L'ASFFQ 1992, Alire, p. 185-186.