À propos de cette édition

Résumé/Sommaire
Major est mourant. Il est atteint d’un cancer et souffre malgré l’administration de drogues. Il attend la mort, et pour y avoir droit, il a effectué sa demande officielle et rempli tous les formulaires nécessaires. Dans cette société où l’État assure la gratuité et l’administration de la mort, il doit cependant patienter longtemps, car il y a de longues listes d’attente. Alors Major attend, réfléchit et rêve au présent et au futur de cette humanité de plus de dix milliards d’individus ayant complètement pollué et mis la planète à sec.
Commentaires
Voici un texte particulièrement étonnant de la part d’un auteur qui, au moment de sa publication en 1976, avait déjà jeté les bases du style qui dominerait sa production des premières années : ancré sur les classiques du fantastique et favorisant l’ambiance au détriment des effets faciles. Ici, on plonge dans des descriptions plus dégoulinantes les unes que les autres, que l’on parle de la maladie du protagoniste, Major, ou de celle de la Terre et de l’humanité.
La narration, valsant entre les symptômes de Major et les maux qui affligent la planète, est une impressionnante charge écologiste avant l’heure, où le cancer est décrit comme la vengeance de la nature sur « l’homme, son assassin » et où les gens qui ont des enfants sont considérés comme des « crétins ayant continué à mettre au monde les victimes de leurs sottises ».
Loin des introspections baignées de surnaturel et des points de vue contemplatifs qui allaient caractériser la SF de l’auteur des années plus tard, cette courte histoire est probablement la plus brutalement personnelle et la plus politiquement chargée des nouvelles de Sernine. Texte particulier et unique qui ne cadre pas spécifiquement dans l’univers SF/fantastique qu’allait développer l’auteur autour de ses autres nouvelles et romans, cette histoire de souffrance et de fin du monde cauchemardesque est ainsi un des très rares textes de Sernine à n’avoir jamais été réédité dans les décennies suivantes. Que dire de plus, sinon que quarante ans après sa publication, son propos est encore plus tristement brûlant d’actualité. [HM]
- Source : Les Années d'éclosion (1970-1978), Alire, p. 361.