À propos de cette édition

Langue
Français
Éditeur
Québec Science
Genre
Science-fiction
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Québec Science, vol. 33, n˚ 4
Pagination
33-42
Lieu
Montréal
Année de parution
1994

Résumé/Sommaire

Nica Marcopol est revenue dans le système solaire après une absence de près d’un siècle. Elle retrouve une société transformée par le développement de l’astéroïde Érymède et de l’astroport Exopolis, mais personne n’a voyagé aussi loin qu’elle. Elle a vécu sur la planète Lohengrin dont elle regrette les paysages éclairés par deux soleils. Vieille et affaiblie, elle est condamnée à mourir à court terme d’une infection opportuniste, mais on lui offre de repartir pour Lohengrin, où elle pourra conseiller ses compagnons et revoir une dernière fois les beautés de ce monde lointain.

Commentaires

Si le nom de Marcopol fait référence à Marco Polo, voyageur revenu de si loin en son temps qu’il passa pour un menteur, la nouvelle de Sernine est plus nettement un hommage aux derniers mots de l’androïde Roy de Blade Runner, inclus en exergue. Les dernières lignes d’« Ailleurs » reprennent en partie ces paroles, au prix d’un léger accroc à la logique de l’histoire. Roy regrette que ses souvenirs seront perdus à jamais lorsqu’il périra, mais Nica veut retourner sur Lohengrin pour que les moments qu’elle a vécus « ne soient pas entièrement perdus, comme des larmes sous la pluie » (p. 45). Or, Nica mourra sous peu de toute manière, sur Lohengrin ou ailleurs, et rien n’indique que son retour empêchera ses souvenirs de périr avec elle.

La plupart des lecteurs seront plus sensibles à l’ambiance générale de la nouvelle, teintée d’une nostalgie douce-amère. La langue précise de l’auteur, émaillée de mots rares et attentive aux nuances des phénomènes naturels, excelle quand il s’agit de dépeindre l’aspect de la station Exopolis ou les paysages de Lohengrin. Ces descriptions éclairent l’humeur maussade de Nica et permettent au lecteur de comprendre pourquoi celle-ci se laisse tenter par un retour sur Lohengrin, si tôt après avoir fait le voyage inverse.

Sernine signe une nouvelle toute psychologique, dominée non par l’action mais par le regret du passé, telle une miniature sur laquelle il faut se pencher pour distinguer les détails qui changent tout. [JLT]

  • Source : L'ASFFQ 1994, Alire, p. 160.