À propos de cette édition

Langue
Français
Éditeur
Solaris
Genre
Science-fiction
Longueur
Novelette
Paru dans
Solaris 87
Pagination
56-65
Lieu
Hull
Année de parution
1989
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Elle vient sur Terre pour chercher Face d’Ange, celui qu’elle aime. C’est le Fou qui sera son premier port d’attache dans un Montréal englouti où paissent des raies manta. Mais Face d’Ange n’est plus le même et, si le Fou le sait, elle, elle l’apprend à voir un holo-D porno. Le sentiment s’in­verse et les retrouvailles devront patienter une longue remontée d’indices et de subterfuges. Dans la retraite enfin débusquée, la confrontation se fera biaiser, lui pensant que, elle mimant l’autre, cependant que la reconnais­sance brisera les esprits à tout jamais. Seul Fou pourra la sauver d’elle-même. Mais il ne saura pas la garder…

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Commentaires

Oh boy ! Oh boy ! Oh boy !

Que ceux qui réduisent la science-fiction aux petits bonshommes verts, aux fusées et aux planètes osent encore proférer leurs insanités après avoir lu cette histoire délirante. Que ceux qui considèrent la science-fiction comme une littérature déshumanisante et sans poésie pour cause de science et de technologie osent encore répéter leurs inepties après s’être perdus dans les dédales liquides du Montréal englouti / Montréal marais de Claude-Michel Prévost. Que ceux qui n’aiment pas la science-fiction parce qu’ils trouvent ça trop compliqué m’entendent bien : dans « Akimento », c’est sûr vous ne comprendrez rien !

Les histoires de Claude-Michel Prévost sortent toujours de l’ordinaire. Véritable mine de surprises, ce fils d’Haïti manie la langue française comme Cyrano de Bergerac maniait le fleuret, c’est-à-dire avec élégance, style… et pour le plaisir de voir les mines déconfites s’amonceler devant sa trogne triomphante. Mais, tout comme l’illustre bretteur, Claude-Michel Prévost n’a pas vraiment besoin de savoir les tenants et aboutissants d’une situation pour sortir l’artillerie et pourfendre son lecteur. En habile presti­digitateur, il usera de l’ellipse, de la métaphore et de la figure de style pour contourner la situation, lui donner tout son sens poétique, sa saveur littéraire. Quant au sens premier…

C’est peut-être la plus grande lacune que je trouve à Claude-Michel Prévost. Trop souvent, le lecteur peine à suivre le fil de l’action, trop souvent il doit reprendre un passage, revenir en arrière, afin de comparer, d’analyser, pour enfin comprendre ce qui s’est vraiment passé.

Dans « Akimento », deux ou trois passages sont passablement difficiles à saisir, bien que la conclusion de l’avant-dernière scène où Garuna et Face d’Ange se confrontent s’avère la plus obscure : qu’arrive-t-il véritablement entre le moment où Garuna commande : « – Musique. » et le début de la scène suivante, la dernière, celle qui se passe dans la boutique du premier niveau et qui ferme la boucle de ce texte magnifique ?

Ne vous méprenez pas, Prévost ne laisse rien au hasard. Je pense qu’en relisant attentivement, on finit par comprendre jusque dans les moindres détails. Enfin je crois. Bien que personne encore ait réussi à m’expliquer ce passage.

Tiens, j’ai hâte de rencontrer l’auteur pour le féliciter… et pour le questionner ! [JPw]

  • Source : L'ASFFQ 1989, Le Passeur, p. 174-175.