Aline ou Le Labyrinthe

Aline, écrivaine à ses heures, transcrit un rêve qu’elle a eu : dans un labyrinthe sinistre, une horde de morts-vivants et son chef la tourmentent. Ce roi l’a violée et veut faire d’elle sa concubine, alternant menaces et présents. L’autre option : on la pourchassera dans le labyrinthe après lui avoir laissé un peu d’avance. C’est le choix qu’elle fait, mais elle est finale­ment rattrapée. Entre-temps, dans la vie réelle, les relations d’Aline avec son amant et ses amis reflètent étrangement la tension et l’horreur de son cauchemar.

Christiane Lahaie livre ici une nouvelle où alternent deux intrigues, l’une susceptible d’expliquer l’autre. Une lecture possible est de considérer la vie de couple comme un piège ou un emprisonnement, auquel Aline commence par résister (elle ne cohabite pas avec son amant et ses rapports avec lui sont parfois orageux). Accepter l’offre que lui fait André de venir habiter chez lui, offre qui doit autant à la compassion et la pitié qu’à l’amour (André la croit mentalement épuisée), c’est pour Aline une défaite analogue à celle de son héroïne aux mains de son affreux poursuivant.

Tout ça n’a pas beaucoup de portée. Le récit dans la nouvelle est trop court et trop fragmentaire pour laisser une impression durable ; ses images manquent de vigueur. Quant à l’intrigue principale, celle de l’écrivaine dont la création est le reflet de sa vie réelle (ou détermine sa vie réelle), là encore Christiane Lahaie ne parvient à lui donner ni texture ni intensité. Sûrement une des nouvelles les plus oubliables du collectif. [DS]

• Source : L'ASFFQ 1989, Le Passeur, p. 103-104.