À propos de cette édition

Coauteur
Éditeur
La Gazette des femmes
Genre
Science-fiction
Longueur
Nouvelle
Paru dans
La Gazette des femmes, 29 octobre
Pagination
33-39
Lieu
Québec
Année de parution
1987
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Alixe 2 n’a pas de parents : elle est née artificiellement, comme tous les gens du pays des Pareils. Mais Alixe n’est pas vraiment pareille puisqu’elle est une fille. Alors qu’elle a 14 ans, on lui propose de tenter une expérience : avoir une grossesse. Si elle n’accepte pas, les techniciens vont décongeler l’embryon de sa jumelle et elle devra faire le choix entre la stérineutralisation ou l’exil au pays des Autres. Alixe, ne voulant pas devenir pareille, quittera son monde.

Dans ce nouveau pays, tout est différent, même les gens. Elle rencontre Atami, un jeune aveugle de son âge, avec qui elle découvre l’amitié et l’amour. Mais des nouvelles inquiétantes du pays des Pareils lui parviennent : on a fait douze clones d’elle et trois ont accepté l’expérience, dont Alixe 3 qui lui écrit. Elle est sur le point d’accoucher et elle ne veut pas donner son bébé aux techniciens. Alixe 2 va aller la tirer de ce mauvais pas.

Commentaires

Très étonnant, ce conte mettant en parallèle notre monde d’aujourd’hui, avec sa structure familiale traditionnelle et cet autre monde, qui pourrait bien être le nôtre dans un futur quelconque, où la technique et la science ont tout bouleversé.

L’écriture est simple, directe, efficace, la construction rigoureuse. S’adressant à un lectorat jeune, les arabesques littéraires sont exclues, sans toutefois succomber à la tentation de rédiger un texte simpliste. Au-delà de l’histoire attachante des aventures de Alixe 2, les auteures dressent un tableau sans complaisance du phénomène de la natalité, naturelle ou non. D’un côté les avantages, de l’autre les désavantages, tant pour la grossesse naturelle qu’artificielle. Je retiens plusieurs belles descriptions au sujet de l’amitié, de l’amour, de l’apprentissage de l’autre.

Cette fiction se veut aussi une mise en garde contre une certaine conception de l’évolution de la race. Loin de condamner tout progrès et toute ingérence de la science dans le phénomène de la reproduction, les auteures s’accordent plutôt à amener une certaine réflexion sur ce sujet épineux qui sera le nôtre dans moins d’années qu’on ne le suppose.

Aux merveilles que la science peut faire miroiter – élimination des tares, modélisation de l’embryon, abolition des problèmes de grossesse –, il faut opposer la juste et sombre contrepartie – uniformisation des embryons, éviction des sentiments, robotisation de la race. Lise Dunnigan et Marie Leclerc l’ont compris, et « Alixe au pays des Pareils » devient le témoignage romancé de leurs réflexions les plus avancées. Aux lecteurs et lectrices de réfléchir maintenant à la situation qui ne tiendra plus de la science-fiction avant longtemps. [JPw]

  • Source : L'ASFFQ 1987, Le Passeur, p. 79-80.