À propos de cette édition

Éditeur
L'Arbre
Genre
Fantastique
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Contes pour un homme seul
Pagination
89-101
Lieu
Montréal
Année de parution
1944
Support
Papier

Résumé/Sommaire

David Coudois, le forgeron – surnommé Angoisse-de-Dieu –, croit avoir trouvé le bonheur auprès de sa femme Judith mais une pensée le tenaille. Est-ce que Dieu existe ? David cherche Dieu et, ne trouvant aucune réponse satisfaisante à sa quête, se met dans la tête de l’inventer. Il forge une machine à roues et à leviers qu’il présente comme sa conception de Dieu mais la machine refuse de fonctionner. David s’en prend à sa création et on doit l’enfermer pour cause d’aliénation mentale. Sa femme caresse puis insulte la machine qui se met à fonctionner. Au moment où Judith s’enfuit, la boutique de forge prend feu et explose.

Commentaires

« Angoisse-de-Dieu » participe à la mosaïque que compose le recueil Contes pour un homme seul. Ces contes forment un tout qui contribue à brosser un portrait d’une société fermée sur elle-même. Les personnages reviennent d’ailleurs dans plusieurs récits. David Coudois est l’un des personnages de ce microcosme social qui évolue sur la côte gaspésienne. Ce qui le distingue des autres, c’est sa quête de Dieu. Il s’interroge : Y a-t-il un Dieu ? Mais où est-il ? Ce genre de questionnement n’est pas courant chez Thériault : il en résulte ici un texte grave.

Aborder la question de l’existence de Dieu, c’est s’aventurer sur un territoire où les balises du réel ne tiennent plus. Le fantastique n’est jamais loin et il surgit effectivement dans ce texte quand David se consacre à l’invention de Dieu. Il a voulu jouer les démiurges : il sera puni pour son péché d’orgueil. Il ne faut pas oublier que nous sommes en 1944 et que la religion pèse encore de tout son poids sur cette société rurale. Le forgeron ne pouvait qu’être brisé dans sa volonté bien naïve de se substituer au Créateur.

D’une certaine façon, le conte de Thériault présente une variation du mythe de Frankenstein puisque David a créé une machine qui échappe à son contrôle. Cette filiation rattache encore plus « Angoisse-de-Dieu » au corpus fantastique.

J’ai dû lire une bonne vingtaine de romans de Thériault au fil des ans mais je ne me lasse jamais de sa prose drue, rêche, capable malgré tout d’élans poétiques surprenants. [CJ]