À propos de cette édition

Langue
Français
Éditeur
XYZ
Genre
Fantastique
Longueur
Nouvelle
Paru dans
XYZ 57
Pagination
71-77
Lieu
Montréal
Année de parution
1999
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Alors qu’il s’installe devant la page blanche, un écrivain est témoin d’un phénomène stupéfiant : le texte s’écrit de lui-même avant même qu’il ait posé la pointe de son crayon sur le papier. En public toutefois, le phénomène ne se produit pas. Après une intense période d’écriture et de corrections effectuées par l’écrivain, cette manifestation inexplicable cesse subitement et définitivement.

Commentaires

Bertrand Bergeron se paie dans cette nouvelle le fantasme par excellence de tout écrivain : le texte s’écrit tout seul, sans efforts. Mais ce phénomène comporte un effet pernicieux : l’écrivain ne peut écrire ce qu’il veut, il n’est pas le meneur de jeu dans cette entreprise dirigée.

« L’Angoisse de la page blanche » traite non seulement de la pratique de l’écriture à travers les manies et le rituel des écrivains mais questionne en outre – et surtout – la censure, le mécanisme de la création et la réception critique, bref tout ce qui touche la production littéraire. Ce n’est pas le premier texte de Bergeron qui aborde le sujet de l’écriture. Qu’on se rappelle entre autres « L’Écriture de la nuit », texte autrement plus dramatique sur le devoir de mémoire des mots. Ici, le ton est plus décontracté puisque le narrateur n’éprouve pas d’angoisse devant la page blanche et semble s’être sorti de cette expérience sans séquelle profonde. L’auteur se moque même de ceux qui jouent les martyrs de l’écriture.

Cette idée d’un texte qui ne procède pas de la main ni de l’esprit d’un écrivain n’est cependant pas nouvelle en fantastique, loin s’en faut, mais l’auteur arrive à en tirer quelque chose d’intéressant. La fin est toutefois un peu décevante même si elle demeure, par son côté peu spectaculaire, conforme au traitement de l’histoire.

Une nouvelle de Bertrand Bergeron par année, c’est un viatique dont je m’accommoderais volontiers. Je n’en demande pas beaucoup, avouez-le, M. Bergeron ! À moins que l’écriture d’une nouvelle soit pour vous un combat incessant contre l’angoisse devant la page blanche ! Mais j’en doute, tant votre écriture est naturelle et souple. [CJ]

  • Source : L'ASFFQ 1999, Alire, p. 19-20.