À propos de cette édition

Éditeur
Solaris
Genre
Science-fiction
Longueur
Novelette
Paru dans
Solaris 87
Pagination
47-55
Lieu
Hull
Année de parution
1989
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Sur une Terre devenue la propriété des riches stations orbitales où règnent les Paradisiarques, dans un Montréal hanté par des nains-éboueurs et des licornes, Itoh, l’une des trois membres du groupe Baby Foot, cherche l’impossible paysage musical quelques jours avant le concert qu’ils doivent donner et alors que le trac l’engloutit de plus en plus. C’est qu’un Orbital sera sur place pour leur offrir, peut-être, un contrat… Et puis il y a la maladie de Jo, la magicienne des algorithmes, la came de Kal qui le gruge à une incroyable vitesse, la mère d’Itoh qui vit dans ses souvenirs d’un impossible Japon… C’est pendant le concert que Itoh découvrira la vérité sur lui-même et ce paysage qui le hante, paysage sonore qui coûtera presque la vie à Jo.

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Commentaires

Depuis quelque temps, plusieurs auteurs se sont essayés avec plus ou moins de bonheur à inclure dans leurs fictions des groupes musicaux. En science-fiction québécoise, un certain consensus semble s’être fait : la musique du futur ne sera plus seulement sonore mais multisensorielle, s’adressant tant à la vue qu’au toucher ou au goût. Yves Meynard rejoint donc le peloton et ses personnages voguent allègrement dans un environ­nement hautement cybernétisé où les considé­rations artistiques véhiculées se veulent un prolongement direct de celles qui ont cours en cette fin de deuxième millénaire.

Mais si le propos central d’« Antartica » demeure la description d’une per­formance artisti­que nouvelle, la beauté du texte vient, selon moi, de tout ce qui gravite autour de ce propos, c’est-à-dire cette réalité dramatique où s’esquisse une Terre dominée par les Orbitaux, où la ville de Montréal se voit envahie par des nains-éboueurs et des licornes, où la condition humai­ne, pour avoir évolué, n’a jamais cessé d’être ce fascinant "mal de vivre". À cela s’ajoute aussi cette vision d’une société québécoise qui a pris sa place dans la cacophonie mondiale en devenant elle aussi partie prenante du melting-pot général que l’on commence de plus en plus à craindre ou à espérer la venue, selon les points de vue.

De tout ce qui précède résulte un texte qui, tout en m’apparaissant profondément ancré dans la culture québécoise, n’en débouche pas moins sur une internationalisation de l’imaginaire, plus qu’une américanisation pure et simple. Ne serait-ce que pour cela, je considère « Antartica »comme un texte important de la SFQ.

Une écriture soignée, posée, une structure solide et préoccupée du détail, associées toutes deux à une volonté bien affirmée de donner toute l’épaisseur nécessaire aux personnages principaux, permettent à l’auteur de brosser une très belle fresque d’un avenir où, paradoxalement, le ton se veut plus empreint de nostalgie que de désespoir, comme si les déborde­ments techniques de l’époque permettaient la renaissance d’une nouvelle poésie de l’existence.

Yves Meynard nous prouve hors de tout doute qu’il possède et maîtrise suffisamment son écriture pour pouvoir rendre adéquatement tout ce que son imaginaire saura créer. Et si on se fit à l’étendue de ce dernier – un survol de ses textes parus en 1989 suffit à nous convaincre de son ampli­tude – il nous prépare plusieurs surprises pour les années à venir. [JPw]

  • Source : L'ASFFQ 1989, Le Passeur, p. 133-134.