À propos de cette édition

Éditeur
imagine…
Genre
Science-fiction
Longueur
Théâtre
Paru dans
imagine… 32
Pagination
51-81
Lieu
Montréal
Année de parution
1986
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Marc a une passion : la collection des bio-machines. Des pillards voyageant dans le futur en ramènent parfois des spécimens à son époque et il les répare amoureusement. Sent-il confusément qu’elles contiennent des organes qui lui appartiennent et qui seront prélevés sur lui quand il sera affecté à un camp de travail inutile ? Sa plus récente acquisition, qu’il a baptisée le custom concept, le fascine particulièrement car elle réagit à ses caresses et peut se constituer en vaste étendue d’eau bordée d’une plage. Après avoir établi un contact mental avec elle, Marc voit sa conception du monde changer radicalement. Claire, sa compagne, ne partage pas ses vues et ne le comprend plus.

Commentaires

Cette pièce radiophonique de Louis-Philippe Hébert est un texte dramatique fort, dense et cérébral. Il est cependant tout à fait accessible grâce surtout au texte de présentation qui précède la pièce dans lequel l’auteur décortique les symboles et explique la nature de la relation entre la bio-machine et l’homme.

C’est d’ailleurs dans cette introduction que je puise la conception du monde présentée par Hébert, une conception du monde évacuée de toute mystique, une vision cybernétique de l’univers. « Vous vivez à l’intérieur d’une machine pour donner naissance à d’autres machines. […] Vous concevez tout à coup l’univers comme un cône. Tel que vous êtes, en 2020, vous vous trouvez quelque part sur ce cône. Plus haut : des machines. Plus bas : des machines. »

Ce cône, c’est aussi l’image de La Trinité : la bio-machine matrice, le personnage Marc, la bio-machine miniature. Le Père, le Fils et le Saint-Esprit, La Trinité cybernétique.

Cette représentation de la réalité est impressionnante par sa visée globalisante et sa volonté de présenter un système cohérent de l’univers constitué d’univers qui s’emboîtent les uns dans les autres. Voilà une SF métaphysique au cube mais brillante.

Il ne faut pas voir dans cette pièce une analyse des relations d’un couple ni une expression misogyne de l’existence parce que la présence de la femme est niée à la fin. Il faut se rappeler qu’il n’y a qu’un personnage homme/femme, la partie féminine n’étant qu’un prétexte utile pour mieux illustrer la dualité de l’être.

« L’Antiquaire des années 2020 » est un texte qui se situe dans le sillage de La Manufacture de machines. Une allusion dans la pièce laisse deviner qu’elle a été écrite dans les années 1970. Il est dommage que l’éditeur demeure muet sur ce sujet.

La pièce de Louis-Philippe Hébert est importante à plusieurs titres. D’abord, elle nous rappelle la contribution de l’auteur à la SFQ au cours de la décennie précédente. Ensuite, par sa modernité, elle renouvelle le thème de la création de l’artiste, qu’elle incarne avec une pertinence et une efficacité rarement égalées.

Ajoutons à cela que « L’Antiquaire des années 2020 » conjuge plusieurs thèmes majeurs de la SF : voyages dans le temps, création d’univers, mariage de la biologie et de la mécanique. Vous comprendrez que je tiens ce texte pour le plus intelligent de la production de l’année 1986. [CJ]

  • Source : L'ASFFQ 1986, Le Passeur, p. 77-78.