À propos de cette édition

Éditeur
Stop
Genre
Fantastique
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Stop 151
Pagination
152-158
Lieu
Montréal
Année de parution
1997
Support
Papier

Résumé/Sommaire

En 1972, dans une forêt désolée de l’Abitibi, un jeune homme de quatorze ans parti vérifier ses collets à lièvres se retrouve, par un phénomène inexplicable, au milieu d’un champ de bataille jonché de cadavres où sifflent les bombes et où des gaz asphyxiants lui brûlent la peau et les poumons… Il reprend conscience dans une cabane perdue au fond des bois où un vieil homme, vétéran de la guerre des tranchées et unique survivant de sa garnison, prend soin de lui. Il explique au jeune homme qu’il est devenu un monstre : à l’intérieur de sa poitrine, sous une horrible cicatrice, continuent de vivre les soldats de sa garnison qui ne demandent qu’à être libérés pour poursuivre leur horrible guerre. Pour prouver ses dires, le vieil homme écarte les lèvres de sa cicatrice…

Le jeune homme reprend conscience trois jours plus tard, à Senneterre. On lui apprend qu’il n’a pas pu rencontrer le vétéran de la guerre de 14, car ce dernier est mort depuis 1944. Depuis ce temps, c’est le jeune homme qui rêve de guerre, de tranchées et de gaz asphyxiants…

Commentaires

Dans cette nouvelle assez courte mais dense, André Lemelin nous offre une histoire de fantôme classique dans sa structure, mais plutôt intéressante par la manière dont l’auteur puise dans l’imagerie québécoise, qu’il s’agisse de la chasse, de la vie dans les régions nouvellement colonisées ou de la participation militaire des soldats canadiens en Europe pendant la Première Guerre mondiale. Il règne sur ce texte une ambiance de conte québécois traditionnel, certainement plus proche d’Honoré Beaugrand que de Clive Barker. Autrement dit, la narration garde constamment une distance, une retenue qui pourrait décevoir les amateurs de tripes dégoulinantes mais que, pour ma part, je n’ai pas trouvé déplaisant.

La nouvelle aurait pu être expurgée de quelques expressions douteuses, même dans un texte québécois écrit en je : « Un ciel sanguinolent coulissait… », ou plus loin « Un noir opaque d’entrailles d’univers ». Hum… Deuxième remarque, finasserie d’un critique abitibien d’origine lui-même : en octobre, même à Senneterre, une chute d’un pied de neige est l’exception, pas la norme. On s’étonne que le narrateur qualifie la journée « d’ordinaire » s’il lui faut mettre des raquettes et se préparer pour un froid « glacial ». L’Abitibi est bien assez froide comme elle est, pas besoin d’en rajouter ! [JC]

  • Source : L'ASFFQ 1997, Alire, p. 110-111.