À propos de cette édition

Éditeur
Triptyque
Genre
Fantastique
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Éclipses
Pagination
21-28
Lieu
Montréal
Année de parution
1990
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Deux sœurs, Ophelia et Ornella, visitent la galerie d'art du Ponte Vecchio à Florence. Elles tombent en admiration devant une statue représentant un jeune homme nu. L'oeuvre ayant pris vie, Ornella encourage sa soeur qui est encore vierge à s'abandonner à ses désirs. Peu de temps après, Ophelia entre au cloître et y reste vingt-deux ans jusqu'au jour où un artisan venu restaurer la statue de Saint-Paul lui donne la forme de la sculpture du Ponte Vecchio. Ophelia l'épouse aussitôt.

Commentaires

L’art italien a inspiré bien des écrivains depuis la Renaissance. À son tour, Marc-André Paré paie un tribut à la peinture et à la sculpture italiennes dans « Apparition sur le Ponte Vecchio », une nouvelle fantastique qui explique l'art par l'amour. En effet, c'est sous le coup de la séduction de sœur Angelica que Marco Marini recrée la statue de N. Enrico avec laquelle Ophelia a eu sa seule relation sexuelle il y a vingt-deux ans. Quel bel hommage à la puissance de l'amour, l'œuvre d'art devenant le trait d'union entre deux êtres faits l'un pour l'autre.

Marc-André Paré a réussi une charmante nouvelle qui exhale un doux parfum d'érotisme discret et élégant. On pense aux contes galants et délicieusement pervers de Marie José Thériault mais Paré n'atteint pas la même virtuosité dans le style. Son écriture sait néanmoins évoquer des climats troubles et des atmosphères sensuelles. Il sait tirer profit des personnalités contrastées des deux sœurs. Ornella est une femme très libre qui a déjà vécu plusieurs expériences sexuelles, tandis qu'Ophelia n'a connu l'extase amoureuse qu'une seule fois avec un « homme ». Si la première évoque l'époque contemporaine, la seconde pourrait très bien appartenir au XVIe siècle où a vécu le sculpteur N. Enrico. Cette différence entre les deux sœurs laisse entrevoir toutes sortes de possibilités et contribue à enrichir la lecture de la nouvelle.

Enfin, l'auteur, grâce à quelques notations judicieuses sur le passé de Florence et de l'Arno, donne vie à la ville et impose ses odeurs. J'y ai en outre appris l'origine du mot galerie d'art. « Les Médicis, qui habitaient le palais Pitti, ont fait construire ce passage recouvert pour se rendre au palais Vecchio de l'autre côté de l'Arno. Et l'on dit que pour agrémenter la traversée, ils ont eu l'idée d'accrocher des peintures aux murs, créant ainsi la toute première galerie d'art. »

Vraiment, une belle surprise que cette nouvelle ! [CJ]

  • Source : L'ASFFQ 1990, Le Passeur, p. 138.