À propos de cette édition

Éditeur
Liberté
Genre
Fantastique
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Liberté 11
Pagination
251-256
Lieu
Montréal
Année de parution
1960

Résumé/Sommaire

Dans l’au-delà, un homme raconte à un nouveau venu qui ne s’est pas encore détaché des choses d’ici-bas comment lui-même est décédé et comment est l’existence, si tant est qu’il y a existence, dans ce nouveau monde où la récompense finale est l’oubli.

Commentaires

Le titre de la nouvelle, « Après », fait référence à ce qui vient après la vie sur terre. Et Robert Hollier nous en offre une vision plutôt sombre. Dans son texte, l’au-delà est un monde vague et nébuleux, tellement imprécis que le narrateur considère que l’on ne peut même pas appeler cela un monde, où il ne se passe strictement rien. Les gens sont là et attendent, ils attendent d’oublier. Ceux qui n’ont pas commis de mauvaises actions dans leur vie attendent moins longtemps, ils sont plus vite allégés de leurs souvenirs et leur conscience peut flotter librement tandis que ceux qui n’ont pas respecté la morale, qui ont commis des crimes, peuvent attendre indéfiniment dans cet ailleurs où le temps n’existe pas.

Moralisateur ? Certes. Mais l’intérêt du texte n’est pas là, pas plus qu’il n’est dans l’intrigue, pratiquement absente. L’intérêt de la nouvelle réside plutôt dans le discours, dans la façon de dire les choses de même que dans l’organisation du texte. Il est d’ailleurs particulièrement significatif que le dernier paragraphe de la nouvelle soit la répétition presque intégrale du premier paragraphe. Le narrateur y réitère : « Je parle et je ne sais même pas si on m’écoute puisque je parle dans le vide. Mais ça ne fait rien. […] Bientôt, rien ne me sera plus, plus ne me sera rien. » Cela provoque un effet étrange, comme s’il ne s’était absolument rien passé, rien dit entre le début et la fin de la nouvelle, comme s’il n’y avait, en fait, ni début ni fin.

L’inexistence du temps, dans l’au-delà imaginé par Robert Hollier, est donc réfléchie jusque dans les configurations narratives de son récit. Qui plus est, la nouvelle est fort bien écrite, l’auteur sait rendre, par des phrases courtes, parfois en un seul mot, l’atmosphère qui règne, la vacuité de la vie, de la mort. Il possède l’art de la sentence, ainsi que le démontrent des phrases comme « L’enfer, c’est de ne pas oublier » ou « Est-ce que quelqu’un gagne ? Les grands courants tournent en rond et retournent à la mer », pour ne citer que celles-là. C’est d’ailleurs ce style particulier, ce goût de la sentence et de la réflexion morale qui rapprochent la nouvelle fantastique « Après » du reste de l’œuvre de l’auteur qui, après avoir publié le roman Bétail en 1960, s’est plutôt consacré à l’écriture d’ouvrages historiques et ethnographiques. [SN]

  • Source : La Décennie charnière (1960-1969), Alire, p. 105-106.