À propos de cette édition

Éditeur
Les Projets Void
Titre et numéro de la série
Le Trench
Titre et numéro de la collection
La Trench - 31
Genre
Science-fiction
Longueur
Feuilleton
Format
Fanzine
Pagination
7-39
Lieu
Saint-Lambert
Année de parution
2001
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Nos deux héros ne sont pas morts mais ils ont plutôt été déchiquetés, déplacés puis reconstitués par l’entremise d’un mode de téléportation passablement douloureux. Ils traversent une forêt où ils sont attaqués par une horde de loups. Ils se défendent vaillamment mais leurs assaillants sont trop nombreux. Carmina apparaît et règle la question à coups de carabine. Les deux Trench apprennent alors que l’entité Loki a engagé Fyell, une Brigadière renégate, pour décrypter le Code Fenris, ce qui lui permettrait de prendre le contrôle de l’ordinateur de l’Arche et de devenir le seul maître à bord. Les trois aventuriers parviennent à un bunker qui abrite le laboratoire de Fyell. La sorcière les surprend et Carmina la canarde sans autre forme de procès. Inutilement, car Fyell a disposé autour d’elle une sphère de protection. Il se produit une surcharge d’énergie suivie d’une explosion. Quand les deux Trench reviennent à eux, tous ont disparu, laissant les deux compagnons libres de tirer leurs propres conclusions sur ce qui vient de se passer. Loki en est pour ses frais mais il réfléchit déjà à un autre moyen de mener à bien son plan…

Commentaires

Dans le genre feuilletonesque, La Trench, autrefois Le Trench, la création de Mathieu Daigneault, nous offre depuis quelque temps déjà des aventures échevelées, parfois assez gratuites, il faut le dire, mais distrayantes. C’est somme toute le but premier de la littérature populaire sérielle et, à l’intérieur de ce cadre, je n’en demande pas plus. Cela faisait un bout de temps que je n’avais pas lu Le Trench. Je constate que la présentation s’est améliorée et que les intrigues se sont complexifiées et sont plus flamboyantes. Que l’on pense à Bob Morane, Doc Savage, John Carter, David Innes et bien d’autres, le (la) Trench est leur descendant direct. Cependant, Daigneault, contrairement à Verne, Hergé ou Burroughs, ne se montre pas excessivement possessif envers son personnage et veut bien le prêter à d’autres auteurs, imitant en cela les Américains dont les séries romanesques ou télévisées sont en général poursuivies par plusieurs collaborateurs. Évidemment, l’intention est dans ce dernier cas carrément mercantile, les éditeurs et producteurs voulant conserver les droits sur des personnages populaires dont ils ont commandé la création à leurs artistes de service. Les Straczynski ou Rod Serling sont de merveilleux cas d’exception.  Cette manière de procéder peut appauvrir un produit ou l’enrichir. Cela dépend probablement de la marge de manœuvre accordée par les créateurs originaux. 

Ici, le problème ne se pose pas, il s’agit vraiment d’aller chercher du sang neuf. L’histoire racontée est intéressante et si l’idée d’un vaisseau spatial géant contenant plusieurs enclaves socialement et écologiquement autonomes n’est pas nouvelle, elle est néanmoins toujours fascinante. Évoquons à titre d’exemple la classique (et ratée) série Starlost ou les romans de Gene Wolfe. Cette Arche des Mythes pourrait en soi servir de toile de fond à une autre série. Le style et l’atmosphère des péripéties imaginées par Laurine Spehner m’ont immanquablement fait penser aux aventures de Bob Morane dans l’univers d’Ananké ou encore à celles du Doctor Who sur la planète Peladon. À l’instar de Burroughs, Laurine Spehner mène de front plusieurs intrigues qui convergent à la fin. Elle mixe d’une main sûre les mythologies. Ses personnages sont de ceux que l’on retrouve davantage en fantastique épique qu’en science-fiction mais là encore, il y a des précédents comme le Lord of Light du regretté Zelazny. Encore une fois, ce ne sont pas tant les thèmes qui sont originaux que le traitement de l’auteure. Son Chaperon Rouge a un sale caractère et la gâchette facile. Les Gros Méchants Loups se font exploser la tête. Hansel et Gretel ont développé des pouvoirs paranormaux. Quant à Loki, il a un petit côté Nouvel-Âge assez comique.  

En ce sens, L’Arche des Mythes est plutôt moderne, participant de cette tendance qui consiste à fusionner les genres et les thèmes, ce qui, à mon avis, caractérisera une partie de la littérature du début du XXIe siècle. Cela témoigne d’une société où il est possible d’avoir accès à une grande variété de cultures, d’idées et d’informations de toutes sortes sur tous les sujets même si cela n’évite pas à la population la propagande et la manufacture du consentement, comme l’a expliqué Chomsky. Certains esprits chagrins déplorent ce bombardement d’informations mais quant à moi, je trouve cela plutôt stimulant. Il est possible désormais à un habitant d’une société moderne bien nantie, à condition de s’en donner la peine, de transcender, de dépasser les valeurs en cours dans son milieu social. Dans ce contexte peuvent émerger des œuvres éclatées réunissant des éléments disparates. De plus, la série B peut offrir une forme plus libre où on n’a pas à se préoccuper obligatoirement de vraisemblance ou de style. Le danger, par ailleurs, est de verser dans le kitsch, le superficiel, les poncifs et les lieux communs mais d’un autre côté, les résultats peuvent s’avérer parfois surprenants.  

Il faut cependant avouer que la conclusion est loin d’être tout à fait réussie. Elle arrive trop vite, contrainte d’espace je suppose, et est assez confuse. Cela dit, elle laisse certainement présager une suite et franchement, je la souhaite ! Qu’elle soit écrite par Laurine Spehner ou un autre, je veux voir Loki dans l’hiver montréalais. Dans cette perspective, j’évoquerai encore une fois la série Docteur Who dont plusieurs intrigues situaient des menaces d’origine extraterrestre au milieu du Londres moderne. [DJ]