À propos de cette édition

Éditeur
Logiques
Titre et numéro de la collection
Autres mers, autres mondes - 4
Genre
Science-fiction
Longueur
Novelette
Paru dans
C.I.N.Q.
Pagination
11-62
Lieu
Montréal
Année de parution
1989
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Charles Landry faisait partie de la classe des GX, ces malfaiteurs prêts à tout pour survivre. En outre, il se croyait irrémédiablement poursuivi par la déveine, sinon par le mauvais sort, jusqu’au jour où une formidable chance lui a souri. Aux Rotations de Gibraltar, il a remporté une immense fortune, ce qui a transformé complètement sa vie et lui a permis d’accéder à la prestigieuse Société des Princes.

Cette société de richissimes détient quantité de privilèges, notamment celui d’envoyer ses membres à la « chasse » sur la planète Mars. Mais cette chasse, véritable « secret d’État » sur la Terre, en est une fort particulière. Car il s’agit pour les chasseurs de trouver, puis d’assassiner – à leur demande ! – les ectoplasmes qui hantent les ruines d’une ancienne cité martienne. En mourant une deuxième fois, semble-t-il, les Martiens accè­dent « au stade suivant de leur existence ».

Coïncé au camp Armstrong à cause d’une tempête qui fait rage sur les Plaines Élyséennes, Landry se demande s’il a bien fait de venir sur Mars. En voulant défier le « hasard détraqué » qui s’acharne contre lui, ne laissera-t-il pas sa peau au cours de cette chasse, au lieu de profiter de la « transfiguration de la pensée » que connaissent la plupart des chasseurs au moment de tuer leur proie ?…

Commentaires

Jean Dion n’a pas encore publié un recueil de ses nouvelles, il n’a pas encore écrit de roman. Pourtant il participe, depuis quelques années, à presque tous les projets du milieu de la SF québécoise, qu’il s’agisse d’avoir été le premier auteur de science-fiction à publier dans L’Année en 1984, d’envoyer régulièrement des textes aux revues bien établies ou de partici­per à des collectifs comme C.I.N.Q. Dion représente aussi la moitié d’un tandem d’écrivains vite devenu le plus fracassant de la SFQ.

Ses textes sont toujours de bonne qualité, souvent même de qualité très supérieure à la moyenne. À force de talent, et sans jamais chercher à épater la galerie par des galipettes littéraires, Jean Dion est en train de s’imposer comme l’un des écrivains les plus intéressants et les plus persistants du milieu. Il écrit avec humilité, dirais-je, ce qui ne l’empêche pas de posséder indéniablement quelques-unes des merveilleuses et rares qualités du Con­teur. Ses personnages "existent", ils résistent à l’épreuve de la lecture. Son écriture est simple et agréable, elle nous transporte confortablement tout le long du voyage sans abuser des néologismes chers à beaucoup d’auteurs de SF. Le dosage entre la cérébralité et l’affectivité – la pierre d’achop­pement chez trop d’écrivains de la SFQ – est souvent tout à fait au point.

« Au dieu marteau » renferme toutes les qualités que je viens d’énu­mérer. C’est une nouvelle qu’on lit sans effort ni lassitude, construite avec maturité. Le récit principal, présenté dans sa progression chronologique, alterne avec de brefs flashes-back qui fournissent à petites doses d’essen­tielles informations, piquant ainsi l’intérêt et la curiosité du lecteur. Le mystère grandit au fur et à mesure – quel délice ! –, les idées s’accumu­lent et l’imagination de l’auteur se répand comme une poudrerie. Petit à petit, on comprend que la nouvelle pose un problème d’ordre métaphysique (Dieu existe-t-il ? du moins existe-t-il pour nous ?) et cela ne gâche rien.

Il arrive rarement que des auteurs de notre milieu s’inspirent d’un évé­nement de l’actualité scientifique pour imaginer une histoire. J’ai retrouvé avec beaucoup de plaisir, dans la nouvelle de Jean Dion, une référence centrale à la découverte d’un possible "visage de pierre" à la surface de la planète Mars, découverte effectuée récemment par une sonde Mariner, je crois.

« Au dieu marteau » serait donc un texte quasi parfait à mes yeux si une certaine confusion ne s’immisçait au début du dernier tiers, c’est-à-dire lorsque Charles Landry entre en contact avec les ectoplasmes martiens. Il se produit une rupture dans le rythme et le ton à ce moment-là, et le reste de la lecture en souffre. Mais je ne voudrais pas insister là-dessus.

La nouvelle s’achève sur une interrogation philosophique où prime le doute et dont la réponse ressemble à un désespoir tranquille… [DC]

  • Source : L'ASFFQ 1989, Le Passeur, p. 81-82.