À propos de cette édition

Éditeur
Solaris
Genre
Fantastique
Longueur
Courte nouvelle
Paru dans
Solaris 130
Pagination
4
Lieu
Proulxville
Année de parution
1999
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Lourdement attristé par un deuil, un homme se réfugie sur une autre planète. Peut-être y trouvera-t-il la paix. Mais voilà que les fleurs qui y poussent lui rappellent la perte de l’être aimé. Car sur son monde d’origine, une fleur émerge de chaque corps mis en terre. Ses couleurs et ses particularités reflètent la personnalité du disparu. Ces fleurs ne fanent jamais ; elles se développent très lentement et deviennent des arbres-fleurs. L’homme ne peut supporter la vue des fleurs anodines qui agrémentent le paysage du monde qu’il visite. Assis au bord d’une falaise, désespéré, il croit apercevoir au loin une forme évanescente et sentir la présence de la personne qu’il aimait. Il choisit de répondre à l’appel de la mer.

Commentaires

Claude Mercier imagine, dans cette courte nouvelle de science-fiction, un prolongement à l’âme des défunts sous forme de fleur éternelle prenant racine dans le ventre des cadavres. Il s’agit en quelque sorte d’une deuxième naissance, symboliquement apparentée à la première (ombilic/racine). L’idée de cette métamorphose est belle, du genre de ce qu’on raconte aux enfants touchés par le deuil. Mais l’intérêt d’« Aube des fleurs » ne réside que dans cette seule idée, que dans les trop brèves descriptions livrées sous forme de réflexions par le personnage placé hors de son milieu d’origine. Car l’émotion véritable ne passe pas. La tristesse et la souffrance voyagent en dehors de nous, sur la ligne d’horizon.

Aussi la chute finale (dans les deux sens du terme) tombe à plat. Le narrateur a voulu commenter le suicide, reprendre ses distances, rendre bien perceptible son omniscience. Il décrit maladroitement la chute du corps (« Fait un pas, totalement conscient d’où celui-ci le mènera »), puis s’interroge sur le sort du cadavre livré aux poissons. Cette dizaine de lignes brise la tonalité du texte. La nouvelle aurait dû se terminer avec l’image de l’homme qui tend les bras vers la mer, qui avance vers sa propre mort. Le lecteur aurait pu lui-même explorer les voies qui se dessinaient (qu’en sera-t-il du corps offert à la mer ? de la métamorphose ?). « Aube des fleurs » est né d’une image intéressante, riche sur le plan poétique. Malheureusement, des faiblesses dans la conduite du récit et dans le style nuisent au plaisir de la lecture. [RP]

  • Source : L'ASFFQ 1999, Alire, p. 116-117.