À propos de cette édition

Éditeur
Librairie générale canadienne
Genre
Fantastique
Longueur
Nouvelle
Paru dans
La Ruche littéraire, vol. 13, n˚ 3
Pagination
84-87
Lieu
Montréal
Année de parution
1939

Résumé/Sommaire

Pierre Guyard, un avare et usurier notoire de Château-Richer, vend à fort prix à un étranger une jument maigre et usée. N’ayant pas la somme complète exigée du maquignon, l’étranger lui laisse en gage une chaîne en or qui vaut largement le solde. Elle reviendra à Guyard si l’étranger n’acquitte pas le solde. Quand l’usurier ouvre la cassette pour admirer la chaîne, il en sort « une forme rouge avec des yeux de braise » à travers une fumée âcre. Épouvanté, Guyard rend l’âme. 

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Commentaires

Eugène Achard déguise son diable en beau seigneur à la recherche d’un cheval pour remplacer le sien. L’identité de l’étranger ne fait plus de doute quand il monte en selle et que la vieille rosse s’élance « ventre à terre, dans un tourbillon de poussière et de flammes, de vraies flammes qui semblaient jaillir du sol sous ses sabots ».

Il est plutôt rare qu’un auteur incite, volontairement ou non, le lecteur à applaudir une intervention du diable. Le portrait que brosse Achard de Pierre Guyard est en effet si accablant qu’on ne peut que se réjouir de sa mort, lui qui a privé sa femme et sa fille du nécessaire par avarice et réduit à la misère des débiteurs incapables de payer leurs dettes. Que le diable se substitue à Dieu pour précipiter l’âme de Guyard en enfer n’est pas banal. Le diable y trouve son compte, de même que les préceptes de la religion catholique.

Il y a chez Eugène Achard une certaine retenue dans le traitement des sujets religieux. Il les aborde davantage en observateur des travers humains qu’en chrétien désireux de marquer le coup et de faire œuvre édifiante. Cultivé et curieux de tout, il inscrit son récit à l’époque de la Nouvelle-France, plus précisément en 1668, et fait montre d’un souci pédagogique sans lourdeur en rappelant la création de la paroisse de l’Ange-Gardien dans les années qui suivirent.

Achard possède une belle aisance dans l’écriture et livre quelques aphorismes qui témoignent du credo de l’avare : « Il faut tondre la laine et ne pas toucher à la brebis ; celui qui écorne ses biens-fonds est près de la ruine. » Dans la première moitié du XXe siècle, il a publié un nombre considérable de livres et écrit une quarantaine de contes fantastiques. Ses intérêts étaient très diversifiés et ses activités comme éditeur et écrivain ont grandement contribué à développer le goût de la lecture chez les jeunes. [CJ]