À propos de cette édition

Éditeur
C. O. Beauchemin & fils
Genre
Fantastique
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Conteurs canadiens-français du XIXe siècle
Pagination
47-52
Lieu
Montréal
Année de parution
1902
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Dans ce conte de José, Davi [sic] Larouche, en allant porter sa dime au curé de sa paroisse, rencontre un étranger, qui ressemble à un ange venu du ciel ou à un « saint ambulant » et qui parle comme le Christ : « Que la paix soit avec vous, mon frère ! » L’étranger s’informe de ses activités, mais sait déjà que Larouche ne paie pas réellement sa part de dime. Ce dernier soutient que s’il avait joui du temps, de la température voulue, la récolte aurait été meilleure. L’étranger lui accorde alors le privilège de jouir du temps qu’il souhaite. Mais, dans l’année qui suit, tout va mal, en dépit de son pouvoir. Lorsque l’étranger lui réapparaît, c’est pour lui faire la morale : « [V]otre vœu était insensé ; [...] il faut toujours se fier à la Providence du bon Dieu, qui sait mieux que l’homme ce qui lui convient. »

Commentaires

C’est au milieu du chapitre 6 des Anciens Canadiens que Philippe Aubert de Gaspé, père, a incorporé à sa trame romanesque ce conte moral, cet exemplum, qui deviendra « L’Aventure de David Larouche. Conte de José » dans Conteurs canadiens-français du XIXe siècle d’Édouard-Zotique Massicotte en 1902 et 1908.

Ce chapitre, qui s’intitule « Un souper chez un seigneur canadien », cherche à illustrer l’importance des coutumes, dont celles qui sont liées à la parole, au partage, à la charité. C’est ainsi qu’après le récit du capitaine Marcheterre, qui raconte « une petite aventure » et celui de Daumais, qui « leur racont[e] ses combats contre les Anglais et contre leurs alliés sauvages », arrive finalement le clou de ce chapitre, le récit de José à propos de David Larouche, de type merveilleux chrétien, et qui montre l’importance de Dieu, de la Providence – et surtout de la soumission tant à la Nature qu’à la Surnature – dans la vie des Canadiens.

Si le conte semble se clore sur cette morale, le discours romanesque poursuit sur cette lancée, sans doute pour montrer à quel point la parole de conteur est importante dans cette société. La fin du chapitre porte en effet sur le sujet. Un des personnages principaux du roman, Jules d’Aberville, décrit à un important protagoniste, Arché de Locheill, le fonctionnement de cette société de conteurs qui, comme Arché, font vivre une tradition. Ce qui est finalement mis en relief par une remarque d’Arché : « J’aime beaucoup, dit Arché, cette légende dans sa naïve simplicité : elle donne une leçon de morale sublime, en même temps qu’elle montre la foi vive de vos bons habitants de la Nouvelle-France. »

C’est ainsi – insérée de façon relativement libre – qu’une forme de surnaturel chrétien – d’exemplum – est réactivée dans la société québécoise du XIXe siècle. [ML]