À propos de cette édition

Éditeur
Triptyque
Genre
Fantastique
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Moebius 31
Pagination
83-96
Lieu
Montréal
Année de parution
1987
Support
Fac-similé

Résumé/Sommaire

Le narrateur entre dans un grand magasin à rayons. Il est accosté par un commis qu’il a d’abord pris pour un mannequin, ou est-ce l’inverse ? Il ne sait plus. Une femme aperçue plus tôt sur une affiche vient à sa rencontre. D’autres phénomènes étranges se produisent. Le narrateur est-il victime d’hallucinations ?

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Commentaires

Le titre m’a appâté comme le narrateur a été subjugué par les slogans publicitaires qui l’assaillent dans le magasin. J’étais curieux de voir si Paul-André Bibeau avait renouvelé son imaginaire. Le titre est trompeur, qui pourrait laisser croire que l’auteur s’est converti à la science-fiction. Bibeau a écrit une nouvelle fantastique qui explore sensiblement les mêmes thèmes et traduit les mêmes obsessions que ses nouvelles antérieures : une fascination pour la magie noire, les rites cabalistiques et les formules magiques, le réel piégé par l’imaginaire, les avatars du sacré dans la société moderne.

S’il ne cherche pas vraiment à opérer une jonction entre l’univers de la science-fiction et celui du fantastique dans son texte, Bibeau utilise néanmoins des images comme le robot et les "Masters of the universe" en les mettant au service d’une histoire qui illustre le conditionnement que subit l’être humain dans la société de consommation.

En effet, les cas de possession traditionnels par des démons comme Belzébuth sont remplacés ici par des consommateurs envoûtés par la publicité directe ou subliminale. Ce n’est plus l’âme qui est l’enjeu du commerce des suppôts de Satan, mais l’argent, le pouvoir d’achat. À ce titre, « Les Aveux indiscrets d’un robot dormant » est une intéressante allégorie sur le matérialisme de la société actuelle et sur sa nouvelle éthique. Elle montre la dévaluation du sacré qui s’est déplacé progressivement de l’être vers l’avoir dans un glissement irrésistible.

Toutefois, sur le plan narratif, la nouvelle n’a pas la même cohérence que sur le plan idéologique. Bibeau succombe parfois à la tentation du grotesque et s’abandonne à un délire mal contrôlé. En outre, l’écriture n’a aucune personnalité, aucun relief. En plus d’être un piètre conteur, Paul-André Bibeau n’est certainement pas un styliste, mais son entêtement à tracer la nouvelle cartographie religieuse du Québec (dont l’allusion aux icônes de Sainte-Marthe-sur-le-Lac n’est qu’un exemple) force presque l’admiration. [CJ]

  • Source : L'ASFFQ 1987, Le Passeur, p. 35-36.