À propos de cette édition

Résumé/Sommaire
Une baby-sitter est engagée par une riche famille afin de veiller, pendant quelques jours, sur un enfant de cinq ans nommé Dino. Elle s’aperçoit bientôt que de menus objets disparaissent de manière étrange : un livre, un cavalier d’échecs en ivoire, un ouvre-boîte, la bague qu’elle avait héritée de sa mère. Confronté, l’enfant révèle que les objets disparaissent dans une cachette d’où il est impossible de revenir : le motif floral du tapis, où le jeune Dino a tôt fait de disparaître à son tour.
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Commentaires
Certaines nouvelles, même avec un dénouement qui semble prévisible, réussissent tout de même à surprendre le lecteur, alors que celui-ci en anticipait pourtant la chute. « La Baby-sitter » fait partie de ces petits bijoux d’écriture, et c’est d’autant plus étonnant lorsque cet effet provient d’un texte oublié, difficile à trouver (mais n’est-ce justement pas le but de L’ASFFQ que de permettre à ces récits de revivre ?). C’est grâce au style épuré de l’auteure que l’on parvient à apprécier à sa juste mesure cette finale brutale, désarmante par sa simplicité (divulgâcheur !) : « Puis, d’un seul coup, il disparut. »
Trop souvent j’ai eu à lire des récits où l’auteur entourait la chute de son récit fantastique de trop de fioritures, de trop de descriptions, de trop de détails, ou pire, d’une vilaine tentative d’explication rationnelle, ce qui équivaut à diluer le précieux effet fantastique dans une bassine – pour ne pas dire une piscine – d’eau brouillée. Marie-Claire Gilles ne tombe pas dans ce piège, et s’efface devant son lecteur pantois, laissant sa chute parler d’elle-même et dessiner les contours fantastiques d’un récit qui, jusque-là, paraissait nullement appartenir au genre. Tout ça parce qu’elle a du style : et la peinture de ses personnages, à la fois attachants et réalistes, en fait d’ailleurs foi, grâce à des descriptions qui, sans jamais tomber dans la surenchère, sonnent justes par l’emploi de mots précis et imagés. Oui, vraiment, un bijou à redécouvrir. [MRG]
- Source : Les Années d'éclosion (1970-1978), Alire, p. 223-224.