À propos de cette édition

Éditeur
Cosmos
Titre et numéro de la collection
Amorces
Genre
Fantastique
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Contes et Nouvelles du monde francophone
Pagination
32-43
Lieu
Sherbrooke
Année de parution
1971

Résumé/Sommaire

Armand Lemoyne est mort, laissant à son jeune neveu Gilles toute sa fortune. Seul devant le cercueil, Gilles s’efforce de retirer la bague du défunt. Elle résiste ; Gilles finit par sectionner l’annulaire avec un couteau. Le lendemain matin, il constate que son doigt auquel il a passé la bague a enflé et qu’il ne peut plus retirer cette dernière. Avec le temps, le doigt perd toute sensibilité et se met à dégager une odeur de pourriture. Gilles se résout à l’amputer à la hache.
Quelques années plus tard, il est devenu un vieillard. Jean, le serviteur, insiste pour faire venir le docteur Sénécal, ami de Gilles. Le docteur croit que Gilles veut ravoir la bague et la lui passe au doigt. Gilles décède mais reste pourtant conscient, tandis qu’on s’affaire autour de lui et qu’on l’installe dans le cercueil où il passera une éternité.

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Commentaires

Il se dégage de « La Bague » un parfum suranné – gothique oblige, je suppose. Les oncles à héritage me font toujours soupirer, mais ici c’est le bon à rien de neveu qui me pose problème, car Gilles reste une simple esquisse de personnage. Ses réflexions sont présentées tout du long en discours direct, ce qui n’est pas un choix heureux au début. Cela fonctionne mieux à la fin du texte, quand il s’adresse (muettement) à ceux qui l’entourent et les vilipende en vain. Néanmoins, on n’arrive pas à saisir qui il est ; plutôt que d’agir et d’en subir les conséquences, je trouve qu’en fin de compte il est agi par le texte.
L’influence maléfique de la bague est surtout évidente en raison du manque d’autres éléments explicatifs. Si je veux bien voir une justice poétique ou une vengeance d’outre-tombe dans la perte du doigt de Gilles, je ne comprends pas vraiment pourquoi Gilles vieillit en accéléré, pourquoi il se refuse pendant cinq ans à consulter un docteur et pourquoi la bague le garde conscient même après l’arrêt de ses fonctions vitales. Les pouvoirs de l’objet sont fort arbitraires et la déchéance finale de Gilles, une punition hors de proportion avec son crime.
Peut-être y a-t-il un subtexte psychosexuel à creuser ici. Le neveu comme l’oncle sont vieux garçons ; faut-il y voir un marqueur d’homosexualité réprimée ? Le sectionnement des annulaires serait donc une image de castration, et la bague d’or massif sculptée en tête de lion un symbole de puissance masculine. Mais la finale du texte ne fait pas écho à ces éléments. Je vois ici davantage un texte empreint de clichés de genre, à la cohérence un peu douteuse. [YM]

  • Source : Les Années d'éclosion (1970-1978), Alire, p. 273-274.