À propos de cette édition

Éditeur
Le Petit Journal
Genre
Fantastique
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Le Petit Journal
Pagination
2
Lieu
Montréal
Date de parution
13 juin 1954
Support
Fac-similé

Résumé/Sommaire

Le narrateur, un aventurier, raconte ce qu’il a vécu une nuit entre Jacmel et Jérémie, en Haïti. Sur le sentier en montagne, son mulet avait failli le précipiter en bas d’un escarpement. Un enfant noir âgé d’une dizaine d’années, difforme, l’avait averti du danger et conduit jusqu’au fond de la vallée avant de disparaître aussi subitement qu’il était venu. Le voyageur rapporte son aventure à un vieil ermite qui conclut qu’il a été sauvé par un baka.

Commentaires

Yves Thériault puise dans la mythologie créole pour raconter une histoire toute simple, sans prétention, mais avec le regard d’un véritable écrivain. Thériault est-il allé à Haïti avant d’écrire sa nouvelle ? Je n’ai trouvé aucune référence sur le baka dans Wikipédia ou ailleurs et, à ma connaissance, Stanley Péan n’a jamais mentionné cette créature dans ses nouvelles qui se nourrissent de la culture du vaudou.

Le baka est « un esprit surnaturel, une sorte de gnome dans la mythologie créole » qui veut du bien au voyageur et peut le protéger des esprits maléfiques tels les loas. Alors, pure invention ou réel écho de la croyance populaire ? Cela importe peu, au fond. On reconnaît le talent d’un écrivain à sa capacité de gagner l’adhésion du lecteur. Thériault a ce talent. Sa description du paysage entre Jacmel et Jérémie, le mystère qu’il laisse planer sur le métier du narrateur, l’économie de ses effets dramatiques, qui contraste avec la générosité des détails évoquant la culture créole, tout séduit dans ce texte. Cette approche presque documentaire contribue à l’authenticité du témoignage. Cela est d’autant plus remarquable que le narrateur ne cherche pas ultimement à nous convaincre de sa sincérité ou de la véracité de son aventure.

Le protagoniste du « Baka » s’inscrit dans la lignée des personnages typiquement thériausiens : un aventurier, un homme solitaire et sans attaches, un citoyen du monde curieux et respectueux des autres cultures. Il est sans préjugés devant l’explication de son hôte à qui il a raconté sa rencontre mystérieuse et il fait siennes les croyances du peuple haïtien au sujet des zombies, des loas et des bakas.

L’écriture d’Yves Thériault, qui a contribué en grande partie à sa réputation, est ici à son meilleur : phrases courtes, clarté du propos, fluidité et sens du récit. Une nouvelle à découvrir dans l’immense production de l’écrivain. C’est, osons la comparaison, le Hemingway du Québec ! [CJ]