À propos de cette édition

Résumé/Sommaire
Un imprésario et sa femme organisent une grande fête pour célébrer la naissance de leur fille Isabelle et y convient les Bellannuelles – les sept dernières reines de beauté. La fête est presque terminée au moment où entre Alpha Defeurst, la première des Bellannuelles, que, la croyant morte, on avait omis d’inviter. Les six premières offrent des dons à l’enfant, mais Defeurst saisit plutôt l’occasion de se venger en prophétisant qu’Isabelle se piquera un jour le doigt sur un pyrographe et en mourra. La septième des Bellanuelles, qui n’a pas encore formulé son vœu, adoucit la sentence en remplaçant la mort par un long sommeil. Lorsqu’Isabelle se piquera à seize ans, elle sera cryogénisée jusqu’en 2070, mais la vue d’un prince mutant au moment du réveil provoquera une crise cardiaque qui lui sera fatale.
Commentaires
La nouvelle, au ton humoristique, est bien évidemment une réécriture moderne de « La Belle au bois dormant » de Charles Perrault, qui se veut aussi la critique parodique d’une société démesurément superficielle : Yvan Destounes et Rita Cordes-Agiles, qu’on appelle « la belle R.C.A. » (p. 51), ne veulent un enfant que pour faire taire les rumeurs selon lesquelles l’imprésario serait stérile ; les Bellannuelles n’offrent que des dons – au cours d’une cérémonie suggérée par un journaliste dans le but de faire passer le temps – qui rendront Isabelle plus aguichante ou lui éviteront d’avoir à faire le moindre effort ; c’est par vanité, en voulant signer un autographe dans la chair d’un fan, qu’Isabelle se pique au typographe, et ses parents ne sont pas aussi tristes de l’avoir perdue qu’ils le sont de renoncer aux généreux fonds de pension que ses talents allaient leur procurer.
Nous n’avons pas là un texte à l’originalité transcendante, mais il procède d’un ludisme assumé. Il est difficile de ne pas sourire devant ces êtres de carton qui n’évoquent plus des personnages issus d’un « il était une fois » impossible, mais plutôt les célébrités censément réelles qui se présentent comme nos idoles. Le dénouement science-fictionnel, opportun pour la réécriture d’un conte qui nous transporte cent ans dans l’avenir, est aussi bien pensé.
Enfin, pour raconter cette histoire, Dubé a emprunté à Charles Perrault sa plume légère, son ironie et ses tournures ornementales, et le résultat est un pastiche stylistique réussi. Le lecteur d’aujourd’hui doutera cependant de l’originalité des jeux de mots, en particulier d’« Yvan Destounes », ou d’Isabelle « Toudanzun », mais c’est un petit vice que le genre autorise. [CaJ]
- Source : Les Années d'éclosion (1970-1978), Alire, p. 180-181.