À propos de cette édition

Éditeur
imagine…
Genre
Science-fiction
Longueur
Nouvelle
Paru dans
imagine… 36
Pagination
45-56
Lieu
Montréal
Année de parution
1986
Support
Papier

Résumé/Sommaire

L’agent C.U. Rieux est chargé d’une mission par le méga-ordinateur Parfaite prime : il doit arrêter l’iconoclaste Sharel Roft, cause de phénomènes anormaux sur le globe. Cependant, l’agent est capturé par Roft, qui lui démontre la vacuité du mythe créé autour de l’ultrascientificité informatique. Roft veut donc faire de Rieux un irrationnel pur. Sa tentative échoue car l’irrationnel est une composante de la rationalité, nous apprendra Parfaite prime. L’ironie humaine et sa sensibilité au symbolisme ont permis l’instauration de l’informatique comme religion d’État. Roft se trouve pris à son propre piège : lui qui voulait renverser la Déesse se trouve capturé par elle. C’est en vain qu’il a voulu recomposer le passé pour mieux détruire le présent.

Commentaires

C’est en effet à la décomposition du passé que Guy Bouchard s’attache dans « C.U. Rieux ». Entendons par décomposition tant le sens analyse que le sens dissolution. Ce double mouvement s’inscrit dans la structure même de la nouvelle qui se présente comme une discussion autour de la dualité raison/imagination.

Sharon Roft veut décomposer le passé – l’analyser – pour mieux cerner l’émergence de la domination informatique sur le monde, de même que la mise en place du culte voué à l’ordinateur. Ce personnage prône la suprématie de l’irrationnel pur aux dépens de la raison ; inconsciemment, il défend la thèse des Hégéliens sinistres, apôtres de la Raison pure, car la Déesse insère l’irrationnel dans la Raison.

Parfaite prime, quant à elle, veut décomposer – dissoudre – le passé humain matérialiste et positiviste qui contrecarre la domination de la logique contemporaine. Elle veut aussi annihiler le passé qui l’a élevée au rang de Déesse.

Évidemment, aux deux pôles de la discussion s’ajoute une lutte politique (les sinistres Hégéliens vs l’appareil idéologique d’État) qui donne à cette nouvelle à thèse un peu d’épaisseur fictionnelle. Ladite nouvelle possède une structure extrêmement schématique, sur le modèle thèse/antithèse/synthèse. On a ici une apologie de la raison nouvelle manière, truffée de lieux communs et non dénuée de contradictions. Quoique bien écrite, d’une progression discursive menée rondement, la nouvelle de Bouchard demeure froide et un peu empesée. [SB]

  • Source : L'ASFFQ 1986, Le Passeur, p. 43.