À propos de cette édition

Éditeur
imagine…
Genre
Science-fiction
Longueur
Nouvelle
Paru dans
imagine… 68
Pagination
11-28
Lieu
Sainte-Foy
Année de parution
1994
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Un vaisseau en perdition dans le vide intersidéral. Des enfants s’éveillent dans la cale après un long sommeil artificiel. Ils entendent des bruits d’explosion, des voyants rouges clignotent frénétiquement : ils ont peur. Un vieillard, qui saisit l’horreur de la situation, leur raconte, pour les calmer, une histoire de pirates et de chevaliers stellaires venus les secourir.

Commentaires

Ce qu’on retient surtout de cette histoire, c’est la touchante et merveilleuse empathie du Vieux pour le sort des enfants abandonnés à eux-mêmes et son courage devant leur mort imminente. Et par contraste, on est frappé par la lâcheté des adultes qui ont fui le vaisseau comme des rats sans se soucier des enfants.

Le tour de force du vieillard est d’autant plus méritoire qu’il doit faire face à une adolescente revenue de tout, passagère clandestine qui ne croit plus aux contes de fées et aux histoires de pirates. Il réussira à convaincre Jenny de faire fi de sa lucidité et de son fatalisme et d’épouser sa démarche humaniste afin d’apaiser l’angoisse des enfants pendant les derniers instants de leur vie.

Sylvie Bérard a bien caractérisé les enfants et l’adolescente à travers des dialogues qui restituent l’innocence et la naïveté de ces jeunes âmes. Cela contribue pour beaucoup à la réussite de « La Cale ». L’auteure pousse le raffinement de la sensibilité à un degré supérieur en mettant en place une deuxième voie narrative, au « vous », qui présente le vaisseau comme un être vivant et sensible. Celui-ci détecte la présence des enfants malgré la perte progressive de ses circuits : « […] vous vous frayez un chemin au milieu des avaries, pour tenter de vous approcher de ces infimes forces pensantes, attiré par la clarté et la pureté de leurs champs. »

Ainsi, l’intelligence artificielle de l’ordinateur central du vaisseau et l’intelligence et l’émotion humaines se répondent tout au long de la nouvelle, le lamento de la conscience électronique se mêlant aux propos sereins et apaisants du Vieux. Cette complicité tacite a pour effet de décupler la charge tragique de la nouvelle et de faire ressortir davantage l’insensibilité et l’irresponsabilité des adultes qui étaient aux commandes du vaisseau.

« La Cale », deuxième nouvelle de Sylvie Bérard, lui a valu en 1994 le prix Septième Continent. Bien mérité ! [CJ]

  • Source : L'ASFFQ 1994, Alire, p. 22.

Prix et mentions

Prix Septième Continent 1994