À propos de cette édition

Langue
Français
Éditeur
Trois
Genre
Science-fiction
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Trois, vol. 5, n˚ 1/2
Pagination
152-154
Lieu
Laval
Année de parution
1989
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Elle a été engagée pour travailler à Canadoule. Pas l'esclavage, mais presque. Sous le roc, en silence, douze heures par jour. Elle demeure dans une tente, en haut, à la surface, au fond d'une longue gorge. Un soir, elle aperçoit plus loin dans sa tranchée une tête gigantesque, mâle, qui rugit. Elle a peur, mais la curiosité l'emporte, et elle ira souvent regarder les yeux de la créature, téléviseurs en noir et blanc où passent d'innombrables émissions à sa gloire.

Au terme de son contrat, elle fera un tour de planeur au-dessus de la région. Partout, des ravins… avec une tente, une tête hurlante…

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Commentaires

Belle métaphore de la société industrielle/patriarcale qui est la nôtre et qui n'avait, jusqu'à tout récemment – et encore maintenant dans une large mesure – que peu à offrir à la femme, sinon le travail, l'omniprésence de l'homme et la prédominance de ses valeurs machistes.

Avec cette écriture épurée jusqu'à l'os qui caractérise la nouvelle production d'Esther Rochon, le lecteur ne peut que plonger directement dans le vif du propos et sentir/ressentir la problématique désespérée de la narratrice… qui accepte néanmoins sans rechigner son monde aliénant et sa situation de quasi-esclavage.

Quand le témoignage et la survie passent avant l'action – « Si j'ai l'impression que mon cœur a explosé et que je suis vivante quand même, c'est le bonheur », (p. 152) –, nous quittons définitivement le moule accepté de la fiction contemporaine traditionnelle – mâle – pour dériver vers… vers où, au fait ?

Esther Rochon explore une nouvelle vision du monde, une nouvelle façon de rendre compte. Pourtant, ce n'est que l'expression du cercle infini qui se dévoile dans ce renouveau, aussi ancien que l'Orient. Si ses textes dérangent et remuent, c'est peut-être à cause de cela : tout au fond de nous, nous possédons un petit quelque chose sur lequel le moule occidental n'a pas de prise. C'est à ce petit noyau de pureté – ou de naïveté primitive – que s'adresse Rochon. De belle façon. [JPw]

  • Source : L'ASFFQ 1990, Le Passeur, p. 317.