À propos de cette édition

Éditeur
Boréal
Titre et numéro de la collection
Inter - 20
Genre
Science-fiction
Longueur
Novella
Format
Livre
Pagination
174
Lieu
Montréal
Année de parution
1992
ISBN
9782890524781
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Nous sommes à Boston, en 2029. Pour oublier les tracas de la vie quotidienne, Hars, un robot humanoïde, se rend dans un bar pour droïdes. Hélas, ses ennuis – incarnés en la personne méprisable de Jean-Fabien Laurent, son propriétaire – l’y rejoignent pour disputer avec lui une partie de cartes. Prenant ombrage de sa défaite, Laurent accuse Hars de tricherie, dégaine son pistolet et fait feu à bout portant sur l’automate, mais la balle ricoche sur la poitrine métallique et tue plutôt l’humain. Paniqué, le robot estime avoir une semaine pour sauver sa carcasse ; après quoi, la POliq s’en mêlera et tous ses confrères, témoins de l’homicide involontaire, seront envoyés au recyclage…

Commentaires

Quelle lecture pénible ! J’ai dû m’y prendre à plusieurs reprises pour passer à travers ce pitoyable ramassis de cabotinages de collégien. Scénariste pour la télévision et dramaturge, co-auteur de deux essais satiriques (L’Acceptation globale et L’Affaire Adam et Ève), François Benoit signe ici son premier roman – je ne peux donc en toute honnêteté m’acharner sur lui. Il me faut rejeter le blâme sur son éditeur et son directeur littéraire qui ont accepté de publier cette œuvre immature et médiocre. Pareille erreur de jugement étonne d’autant plus que la direction de la collection Inter de Boréal a une réputation d’exigence et de rigueur, qualités qui brillent par leur absence dans le texte de François Benoit.

L’écriture témoigne d’une maladresse rare, dissimulée derrière une volonté d’originalité à tout prix. Cela donne des phrases désespérément chaotiques, où fautes de grammaire et de syntaxe, anacoluthes, non-sens, ruptures de ton, impropriétés de terme et autres imprécisions du vocabulaire se disputent le haut du pavé. Par exemple, il confond « analogue » avec « analogie », mais ce n’est qu’un défaut parmi tant d’autres. Voici quelques morceaux choisis qui illustrent à merveille l’inélégance du style de Benoit.

« Le ton bonhomme de Hars n’affiche pas de jubilation. »

« Il balbutie des accusations que son indignation profère sans style […]. »

« Hars est sur le coin de la rue, ce qui ne dénote pas une mobilité très importante. »

« […] l’amitié en question ne déborde pas la paire de bières qu’il a prises avec ‘Rtineau. »

Vous en avez assez ? J’aurais facilement pu citer la moitié du texte. Est-il besoin d’ajouter que dans un roman jeunesse, de telles incorrections sont carrément inacceptables ? Comme si cela ne suffisait pas, François Benoit, par moments, étire ses phrases, les complique inutilement, souvent aux dépens de l’intelligibilité du propos ; à d’autres, il abuse de la forme elliptique, pour des raisons qui nous échappent. D’ailleurs, en voulant mettre en lumière un tic du héros, le narrateur résume en une formule toute simple les caractéristiques de ce style lamentable : « Hars adore énoncer ce type de réponses qui ne veulent rien dire et qui sonnent bien » – ce à quoi j’ajouterai : « … pas toujours. »

Quant au contenu science-fictionnel du roman, ce n’est guère mieux. De toute évidence, l’auteur s’inspire de modèles popularisés par les mass media, Star Wars et Blade Runner en tête. Il en résulte une histoire loufoque qui n’emprunte à la SF qu’un décor futuriste et quelques procédés et gadgets, comme si le genre se résumait à cela. On pourra toujours objecter que Benoit ne cherchait pas à faire œuvre de science-fiction sérieuse, comme en témoignent certains passages qui font effectivement sourire. Je pense notamment à la scène érotique entre Hars et sa compagne Westingh, un aspirateur. Mmmouais… Volonté humoristique, certes, mais plus près de Marcel Gamache que d’Eugène Ionesco.

Le prière d’insérer parle d’un « roman sur la ségrégation comme elle sera peut-être vécue bientôt ». N’exagérons rien. S’il est vrai que le récit de Benoit est émaillé de références aux piètres conditions de vie (?) auxquelles sont condamnés les robots – à mettre en parallèle avec la situation des Noirs sous le régime de l’apartheid ou, plus près de nous, aux États-Unis –, cela ne suffit pas, et de loin, pour faire de Carcasses un roman à thèse, une satire sociale dans la lignée d’Orwell ou de Huxley. [SP]

  • Source : L'ASFFQ 1992, Alire, p. 15-16.

Références

  • Anonyme, Littérature québécoise pour la jeunesse 1992, p. 26.
  • Cadot, Richard, Temps Tôt 21, p. 56.
  • Champagne, Louise, Lurelu, vol. 15, n˚ 2, p. 10.
  • Lavigueur, Yolande, Le Devoir, 01-08-1992, p. B-7.
  • Pelletier, Francine, Solaris 101, p. 64-65.
  • Sarfati, Sonia, La Presse, 12-07-1992, p. C3.