À propos de cette édition

Éditeur
Héritage
Titre et numéro de la collection
Pour lire
Genre
Fantastique
Longueur
Novelette
Format
Livre
Pagination
125
Lieu
Saint-Lambert
Année de parution
1993

Résumé/Sommaire

Martin désire vendre ses cartes de hockey au propriétaire de la boutique Le château de cartes. Celui-ci n’est pas intéressé car les cartes de Martin sont trop récentes. Dépité, le jeune garçon croise de nouveau, en sortant de la boutique, un vieil homme étrange qui lui avait proposé un peu plus tôt d’échanger sa carte de la recrue Vincent Morin, de peu de valeur, contre une vieille carte de Jos Bleau datant de 1933, vraisemblablement très rare. Martin flaire une arnaque, mais comme il a deux exemplaires de la carte de Vincent Morin, il se laisse convaincre de faire l’échange. Il retourne voir le marchand et lui propose d’acheter la vieille carte. L’homme se moque de lui car les Princes d’Ottawa pour lesquels Jos Bleau, le gardien de but représenté sur la carte, est censé avoir joué n’ont jamais existé. C’est alors que Martin remarque la ressemblance entre le joueur et le vieillard qui lui a cédé la carte.

Le lendemain, il montre sa « carte rare » à son ami Simon et constate que la photo de Jos Bleau a été remplacée par celle… de Vincent Morin ! Sur ces entrefaites, Martin apprend une nouvelle stupéfiante : la recrue de vingt ans des Canadiens, Vincent Morin, a vieilli de 60 ans pendant la nuit. Aussitôt, il soupçonne l’échange de cartes d’en être la cause et il déduit que le vieux sorcier doit maintenant avoir 20 ans. Ayant trouvé le repaire où il se terre, le garçon voit ses soupçons confirmés.

Martin se sent responsable de la situation de Vincent et veut l’aider à retrouver sa jeunesse. Pour y arriver, il est persuadé qu’il faut refaire l’échange de cartes en sens inverse. Après une tentative qui échoue parce qu’il a utilisé une carte trafiquée, Martin doit se rendre à l’évidence : il faut qu’il utilise celle qui est en possession du sorcier, Roger Denfer. Il doit donc s’introduire dans la sinistre demeure pendant son absence et espérer trouver la carte. Martin n’est pas au bout de ses peines !

Commentaires

Danielle Simard, qui a écrit plusieurs romans pour jeunes depuis Les Cartes ensorcelées et a connu beaucoup de succès, en était pratiquement à ses débuts comme auteure au moment de la publication de ce roman. C’est un récit simple, très bien ficelé, qui ne s’égare pas dans des digressions inutiles. Déjà, l’auteure fait montre d’une assurance certaine en se concentrant sur l’essentiel.

L’aspect fantastique du récit ne fait pas de doute et repose d’abord et avant tout sur les cartes de hockey qui ont été échangées. D’une certaine façon, l’histoire s’inspire de la croyance des peuples primitifs qui ne voulaient pas être photographiés parce qu’ils avaient peur qu’on leur vole leur âme et pousse cette logique jusqu’au bout. Pour que la magie opère dans le roman de Danielle Simard, il fallait que trois conditions soient réunies : 1) que les deux individus soient photographiés devant un filet ; 2) qu’ils portent tous les deux le même numéro de chandail (30) ; 3) qu’ils aient tous les deux vingt ans sur leur photo respective. Mais il faut plus. On découvre que le vieux sorcier, Roger Denfer, poursuit depuis longtemps des recherches sur le moyen de rester jeune dans le laboratoire qu’il a aménagé dans sa maison. Sans le coffret aux propriétés particulières dans lequel la carte est conservée, le simple échange de cartes n’aurait pas été suffisant pour permettre la permutation des âges des deux personnes concernées.

Contrairement à certains récits construits autour de sorciers qui multiplient les actes répréhensibles et n’hésitent pas à tuer leurs victimes – qu’on pense à plusieurs nouvelles de Daniel Sernine, par exemple –, le roman de Danielle Simard ne suscite pas véritablement la peur ou l’angoisse, Roger Denfer étant plutôt un personnage secret et effacé. Il ne menace pas Martin pour acquérir sa carte de Vincent Morin, il ne la lui vole même pas ; il utilise plutôt la ruse pour se la procurer. Le fait que celle-ci soit répandue et facile à obtenir constitue toutefois le point faible de l’intrigue. Roger Denfer aurait pu facilement trouver un autre exemplaire de cette carte.

Danielle Simard préfère centrer le roman sur les deux jeunes protagonistes, Martin et son ami Simon. C’est Martin qui est le moteur du récit, ses réflexions et ses déductions illustrant la vivacité de son esprit et sa perspicacité. Mais surtout, il fait preuve d’un sens de la responsabilité pour un garçon de son âge qui mérite d’être souligné. Il ne connaît pas personnellement Vincent Morin et il n’a été qu’un instrument bien involontaire de son malheur. Malgré tout, il se met en danger, quand il s’introduit dans la maison du sorcier, pour redonner à Vincent sa jeunesse.

Avec un titre comme celui-là et une telle prémisse de départ, on aurait pu s’attendre à ce que l’auteure s’attarde davantage à la passion des collectionneurs de cartes de hockey ou de baseball. Le sport comme tel y est peu évoqué, le clin d’œil le plus senti survenant dans l’épilogue quand Martin et son ami sont invités à « La soirée du hockey » et interviewés par Lionel Laval (allusion à Lionel Duval). C’est là qu’on se rend compte que le temps passe et que Les Cartes ensorcelées relève d’une autre époque. Une époque où la caméra numérique n’était pas encore inventée, ce qui aurait facilité le travail de graphisme de la mère de Simon au moment de trafiquer la carte de 1993 de Vincent Morin.

Un bon petit roman, en somme, avec un peu d’humour, qui se lit très rapidement et qui sert à promouvoir avec finesse des valeurs telles que l’empathie et le sens des responsabilités. C’est chouette ! [CJ]

  • Source : L'ASFFQ 1993, Alire, p. 173-175.