À propos de cette édition

Éditeur
JCL
Genre
Fantastique
Longueur
Roman
Format
Livre
Pagination
332
Lieu
Chicoutimi
Année de parution
1994
ISBN
9782894311264
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Michel, avocat dans une étude de banlieue, arrive à la fin de la cinquantaine. Prisonnier d’un mariage qui bat sérieusement de l’aile, il est devenu impuissant. Mais voilà qu’un matin, une superbe érection se manifeste, premier signe d’un bouleversement extraordinaire de son organisme. Michel, en effet, s’est mis à rajeunir. Ses cheveux reprennent leur couleur d’antan, ses dents repoussent, et il retrouve bientôt la vigueur d’un homme dans la force de l’âge.

Michel s’éprend de sa secrétaire Diane, laquelle succombe à ses avances. L’épouse de Michel surprend les tourtereaux ensemble, mais malgré ses remords Michel continue sa relation avec Diane. Hélas, celle-ci meurt dans un soudain accident de la route. Michel tentera de noyer sa douleur dans les bras d’une ribambelle de partenaires.

Il en a les moyens, car son rajeunissement l’a rendu célèbre et riche à force de commandites pour des shampooings miracles et autres extraits de jouvence vitaminiques. Au cours des années suivantes, Michel connaîtra ainsi Brigitte, sexologue passionnée ; Xavière, épouse d’un homme aussi riche que minable ; et Dorothy, guide australienne, parmi une foule d’autres femmes qui partageront son lit.

Mais le rajeunissement de Michel est inexorable. Il finit par atteindre l’adolescence et continuer sa régression, devenant un enfant puis un poupon qui passe pour le jeune frère de sa petite-fille. Un accident de voiture met un terme à cette existence terrestre. Michel, maintenant une âme désincarnée, entre en contact avec divers autres esprits de défunts ainsi que des guides spirituels qui lui font examiner ses vies antérieures. Il finit par choisir le couple qui constituera ses parents et se fond dans le fœtus en gestation. Quelques mois plus tard, la jeune femme accouche, aidée par une infirmière qui n’est autre que l’ex-épouse de Michel.

Commentaires

Ce sont parfois les livres vraiment mauvais qui constituent les meilleurs exemples. Ce matin-là… est une démonstration éclatante de la façon dont le beau langage peut constituer un mauvais style. Ce n’est pas mal écrit en tant que tel ; mais parce que l’auteur ne rate jamais une occasion de placer un dicton ou une phrase toute faite, parce que ses personnages s’expriment à haute voix sur leurs états d’âme comme s’ils lisaient un discours vingt fois récrit, son roman en devient péniblement verbeux.

Ce qui accentue cette impression, c’est la banalité désespérante du propos. Car, une fois le postulat de base posé – d’ailleurs, il est énoncé dans l’exergue, histoire d’éviter tout doute de la part du lecteur –, il n’y a essentiellement rien qui ne soit prévisible. Un homme marié trop jeune à une femme qui ne l’aime plus, voyons voir… Il va s’amouracher d’une autre ? Ce sera sa secrétaire ? Sa femme va les surprendre au plus mauvais moment ? Il va se sentir coupable mais continuer quand même ? Soit, l’accident de Diane surprend. Mais toute la réaction de Michel, sa visite de la famille éplorée, rah-gna-gna, il y en a pour des pages interminables que le lecteur parcourt en espérant qu’il se passe enfin quelque chose.

Et c’est un espoir déçu, car le roman nous offre principalement une série de conquêtes amoureuses à mourir d’ennui. Une œillade de la part de Michel, un compliment balourd, et pouf ! l’objet de son désir s’émeut, décide de baiser avec ce Casanova rétrochronologique, et ils connaissent ensemble les plus beaux orgasmes qui soient. Ce matin-là… est donc aussi un exemple probant de roman misogyne, car presque toutes les femmes qu’il met en scène n’existent qu’en tant que partenaires sexuelles de Michel, passées, présentes ou futures. Leur monde tourne autour de l’argent et de l’homme qu’elles ont épousé ; les quelques images positives seront celles des mères, ce qui ne rachète pas le reste.

On est bien obligé de parler de fantastique car le rajeunissement de Michel est aussi indéniable qu’inexplicable (combien de fois nous dit-on que les scientifiques n’y comprennent rien ?) mais c’est davantage au fantasme qu’il faut conclure, surtout en considérant que Normand Bergeron a fait paraître ce livre à l’âge de soixante-deux ans. Les aspects ésotériques de l’œuvre se ramènent à quelques pages à la toute fin du livre ainsi qu’à une brève apparition de Diane après sa mort. Même là, ce sont des idées convenues que l’on nous sert et elles ne sont pas examinées plus que très sommairement. Resserré au dixième de sa longueur, Ce matin-là… aurait constitué une novella plutôt banale mais lisible. À plus de 300 pages, c’est un pensum innommable. Comme on dit, « j’en ai vieilli de dix ans ! » [YM]

  • Source : L'ASFFQ 1994, Alire, p. 25-27.