À propos de cette édition

Éditeur
Ailleurs
Genre
Science-fiction
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Ailleurs 1
Pagination
18-21
Lieu
Sainte-Foy
Année de parution
2000
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Une femme, atteinte d’une maladie psycho-dégénérative, se voit tourmentée par des crises d’hallucinations aussi subites que dévastatrices. Seule l’Ibriède lui procurerait le moyen de soulager ses insupportables souffrances. Malgré les vagues de délire qui la submergent, elle part à la recherche du seul remède à son mal.

Commentaires

L’écriture de très courtes nouvelles est un art difficile à maîtriser. Les défauts de construction du texte de Karine Pedneault montrent qu’elle n’a peut-être pas encore acquis une expérience d’écriture assez solide pour parcourir ce terrain particulièrement accidenté. « Les Céphéïdes » constitue, en effet, sa première publication dans une revue consacrée aux littératures de genre ; elle a fait paraître deux autres textes dans les numéros 21 et 22 de L’Écrit primal, la revue du Cercle de création littéraire des étudiants de l’Université Laval.

Une nouvelle de science-fiction, à plus forte raison une nouvelle aussi succincte que celle-ci, doit construire de façon concise mais distincte son univers fictif de façon à ce qu’il acquière une relative consistance dans l’esprit du lecteur ; or le texte de Karine Pedneault répond, mais un peu trop tard, à des interrogations pourtant cruciales. Comment le personnage effectue sa « route dans le continuum visqueux des âges désordonnés » (p. 19) ? Dans un aéronef quelconque ? À pied sur une terre inconnue ? Qu’est-ce au juste que ce « bourbier visqueux empli de ténèbres et de colère » (p. 20) dans lequel l’héroïne reprend conscience après son accès de visions ? Faut-il interpréter l’expression dans un sens métaphorique ?

Le fait de ne répondre à ces questions que dans les derniers paragraphes de la nouvelle rend la lecture légèrement agaçante parce qu’il apparaît, de prime abord, difficile de comprendre où le texte s’en va. Tout se passe comme si l’auteure avait voulu que la lecture mime le flux désordonné des pensées du personnage. Un monde fictif mieux défini dès les premiers paragraphes de la nouvelle n’aurait pourtant pas dissipé l’aura de mystère qui entoure l’intrigue tout en donnant de la profondeur au récit.

Le style de la nouvelle laisse également perplexe : on se demande si l’auteure a voulu faire de la prose poétique ou seulement représenter le délire hallucinatoire de son personnage… à moins qu’elle n’ait poursuivi simultanément ces deux objectifs. Ces tournures lyrico-hallucinatoires s’amalgament curieusement, et ce dès le cinquième paragraphe de la nouvelle, à un discours didactique nettement plus prosaïque sur les origines virales de la maladie des céphéïdes ; ce contraste stylistique ne s’avère pas très heureux. J’aurais préféré qu’elle nous fasse grâce de ces détails pseudo-scientifiques (qui, somme toute, n’aident pas vraiment à la compréhension de l’histoire), qu’elle allège sa prose poétique un peu lourde et qu’elle accorde plus de soin à détailler la quête de son personnage qui constitue, à mon avis, le véritable intérêt de la nouvelle. Le récit aurait certainement été plus digeste si Karine Pedneault lui avait donné un peu plus d’espace pour se déployer : quelques paragraphes supplémentaires auraient contribué à aérer cet ensemble beaucoup trop « compact ». [ID]

  • Source : L'ASFFQ 2000, Alire, p. 131-132.