À propos de cette édition

Éditeur
Le Journal officiel du Club des monstres
Genre
Fantastique
Longueur
Courte nouvelle
Paru dans
Le Journal officiel du Club des monstres 4
Pagination
18-20
Lieu
Québec
Année de parution
1989
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Un homme est admis dans une institution psychiatrique parce qu’il entend des grattements dans les murs et qu’il est persuadé que des monstres lilliputiens s’apprêtent à le dévorer. Les mêmes sons se font entendre dans sa cellule. Les gardiens le trouvent un matin le pied droit rongé jusqu’à l’os en dépit du fait qu’il était muselé et sanglé à son matelas.

Commentaires

Si plusieurs récits mettant en scène des personnages qui se disent pour­suivis par des êtres venus d’une autre réalité oscillent entre la littérature réaliste et la littérature fantastique, ce n’est pas le cas du texte de Jean Pettigrew ici. Parce qu’il est clairement établi que le protagoniste n’est pas fou, la nouvelle est ipso facto fantastique. Ce ne fut pas toujours aussi évident dans quelques textes récents de l’auteur qui, oubliant pour un moment les difficultés causées par le problème des définitions génériques dans une entreprise comme celle de L’Année…, a livré des textes à la frontière des genres réaliste et fantastique.

Ce qu’on retiendra de « Ceux des murs » toutefois, ce n’est pas l’idée de départ qui a été maintes fois utilisée dans ce type de récits basés sur la folie, avérée ou non, du héros. Ce n’est pas non plus l’écriture, davantage "clinique" (si vous me passez le mot !) que littéraire. Non, ce qui donne à cette nouvelle une singulière efficacité, c’est la finale dans laquelle on assis­te à un déplacement du centre d’intérêt alors que ce n’est plus la santé mentale et le drame du patient qui sont importants mais l’inquiétude des médecins qui cherchent une explication à la mutilation de leur bénéficiaire et craignent les questions du directeur de l’établissement.

Dans un raccourci saisissant, Pettigrew oppose l’horreur irrationnelle, invisible mais réelle à l’horreur administrative et banale du système psy­chiatrique déshumanisé. Soudainement, ce sont les médecins, coupés des tourments de leur patient par un excès de théorisation faisant écran, qui sont proposés à la sympathie du lecteur, qui deviennent les victimes les plus à plaindre. Ce renversement, qui évacue complètement le véritable problè­me et relègue l’interné dans une sorte de non-existence, constitue une critique impitoyable de la désagrégation des valeurs humaines fondamen­tales, une dénonciation féroce d’une pratique psychiatrique qui a perdu de vue l’objet de son étude au profit de sa propre légitimation. [CJ]

  • Source : L'ASFFQ 1989, Le Passeur, p. 162-163.